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Trafic de drogue dans les Bouches-du-Rhône: 30 ans de réclusion et 20 ans de sûreté pour un double assassinat

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Amar Malik Boukerche et Lazhar Kantas ont été reconnus coupables de deux homicides commis en 2018 à Salon-de-Provence.

Jugés pour un double assassinat sur fond de trafic de stupéfiants, qu'ils contestent avoir commis, Amar Malik Boukerche, 32 ans et Lazhar Kantas, 29 ans, ont été condamnés vendredi à trente ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de vingt ans.

Le 2 juillet 2018, peu avant 23h30, deux hommes encagoulés avaient fait irruption au pied des bâtiments de la cité des Canourgues, à Salon-de-Provence, près d'Aix-en-Provence. L'un d'eux, armé d'une Kalachnikov, ciblait d'une rafale Mansour Touhami, 45 ans, assis sur un banc. Depuis quelque temps, la victime avait installé son "charbon" (NDLR: point de vente de drogue) dans la cité qui abritait déjà deux autres réseaux.

Les tirs fauchaient aussi un jeune homme de 20 ans, présent à proximité. L'enquête établira qu'il n'avait rien à avoir avec les stupéfiants.

"On se dispute le primat sur le trafic, mais c'est la première fois qu'on a à déplorer un double règlement de comptes (NDLR: à Salon-de-Provence)" avait noté, jeudi l'avocat général Pierre Cortès.

Le magistrat avait requis contre les deux accusés la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de vingt ans, justifiant ce choix de la peine la plus lourde "pour le symbole, pour ce dommage collatéral, ce garçon qu'on a tué et qui n'avait rien à se reprocher".

Quelques heures après les faits, la cité des Canourgues bruissait déjà du nom des accusés.

Revirement lors de l'audience

Si plusieurs témoins directs des faits ne se sont pas présentés devant la cour d'assises, le neveu de Mansour Touhami a provoqué un coup de théâtre à l'audience en désignant formellement les deux accusés. Ce qu'il n'avait pourtant pas fait devant les enquêteurs en 2020.

A la barre, il a expliqué qu'il avait fait office de messager l'après-midi même auprès d'Amar Malik Boukerche et Lazhar Kantas, à la demande de Mansour Touhami. Les accusés lui auraient dit de rassurer son oncle en lui faisant transmettre le message suivant: "D'accord pour le charbon, mais qu'il le déplace".

Présent au moment des faits, le neveu de Mansour Touhami avait reconnu la tenue vestimentaire du tireur, la même que lors de leur rendez-vous dans la journée, ainsi que la silhouette du second, qu'il connaissait depuis longtemps.

La défense a suggéré que ce revirement aurait pu être soufflé par les familles des victimes. Il a en revanche été salué par l'avocat général. En brisant ainsi l'omerta, "ce garçon sait qu'il s'expose, qu'il prend des risques, et cela permet d'apprécier sa crédibilité", avait insisté le magistrat.

Evoquant une enquête imparfaite, la défense avait plaidé l'acquittement des deux hommes. Sans succès.

S.Bo avec AFP