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TOUT COMPRENDRE. Cocaïne disparue, policiers mis en examen... Pourquoi l'office anti-stups de Marseille est dans la tourmente

Plusieurs membres de l'Ofast de Marseille a été mis en examen dans le cadre d'une opération anti-drogue ratée qui s'est déroulée fin 2022

Plusieurs membres de l'Ofast de Marseille a été mis en examen dans le cadre d'une opération anti-drogue ratée qui s'est déroulée fin 2022 - BFMTV

La cheffe de l'Ofast de Marseille et son adjoint ont été mis en examen à Paris dans le cadre d'une enquête sur la disparition de près de 400 kilos de cocaïne. Des investigations qui ont conduit au placement sous contrôle judiciaire d'un capitaine de cette unité plus tôt dans le mois.

L'office antistupéfiants de Marseille secoué. La cheffe de l'antenne de la police phocéenne, son adjoint, ont été mis en examen dans le cadre d'une enquête concernant la disparition dans la cité phocéenne de 399 kilos de cocaïne en provenance de la Colombie.

Toujours dans le cadre de cette affaire, un capitaine de l'Ofast a lui aussi été mis en examen et placé en détention provisoire, le 13 juin dernier. Début avril, deux policiers de la même marseillaise avaient déjà été mis en examen pour la même affaire.

• 400 kg de cocaïne en provenance de Colombie

Cette affaire commence sur la base d'un renseignement anonyme. En février 2023, les forces de l'ordre apprennent qu'une arrivée de cocaïne est prévue au port de Marseille. La drogue est envoyée de Colombie par conteneur et a pour destination la région parisienne.

L'Ofast est logiquement chargée de cette enquête et doit surveiller l'arrivée d'une cargaison estimée entre 180 et 200 kilos. Une estimation qui sera fausse, puisque près de 400 kilos de poudre blanche pénétrent dans le territoire. Une différence entre la prédiction et la quantité qui fait naître des soupçons.

Plus surprenant encore, la cocaïne est tout de même écoulée, notamment avec l'implication d'indics, mais sans que la police ne fasse aucune interpellation. L'enquête concernant cette arrivée de drogue est clôturée sans interpellation en janvier 2024.

• La police des polices saisie d'une enquête

L'affaire ne s'arrête pas pour autant. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) est saisie en interne pour enquêter sur les conditions d'importation de la cocaïne. En avril 2024, les locaux phocéens de l'Ofast sont perquisitionnés.

Les investigations révèlent des échanges entre des policiers et d'autres personnes, portant sur la cession d'au moins 360 kg de cocaïne, en dehors de tout contrôle hiérarchique, et sur la dissimulation des quantités réelles arrivées sur le territoire durant la livraison surveillée de 2023.

• Deux premiers policiers mis en examen

Face à la gravité et la complexité des faits, le parquet de Marseille laisse la main à la juridiction de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco). En novembre dernier, une information judiciaire a été ouverte, notamment pour les "chefs d’importation de stupéfiants en bande organisée, blanchiment, corruption, révélation d’information sur une enquête ou une instruction pour crime ou délit puni de 10 ans relevant de la criminalité organisée, de recel commis en bande organisée de violation du secret d’une enquête pour crime ou délit puni de 10 ans relevant de la criminalité organisée, de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et délits".

Les forces de l'ordre remontent en février 2025 la trace de deux personnes, déjà connues pour de l'importation de drogue et pour trafic de stupéfiants. Elles sont mises en examen.

Près de deux mois plus tard, le 4 avril 2025, deux policiers de l’antenne Ofast de Marseille sont présentés aux juges d’instruction de la Junalco. Ils sont mis en examen pour "importation et trafic de stupéfiants en bande organisée, blanchiment, association de malfaiteurs, faux en écriture publique, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image et des paroles d’une personne. Ils avaient été placés en garde à vue le 31 mars 2025. Ils ont été placés en détention provisoire".

• La hiérachie dans le viseur de la justice

Ces deux premières arrestations d'agents marquent le début de plusieurs inculpations dans l'antenne marseillaise spécialisée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le 13 juin dernier, un capitaine de l'Ofast est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour notamment "importation de stupéfiants en bande organisée".

L'enquête s'accélère et des suspicions commencent à planer au-dessus de certaines personnes haut placées dans la hiérarchie de l'Ofast marseillaise. Le jeudi 26 juin, la cheffe de l'Ofast de Marseille et son adjoint ont été mis en examen à Paris pour "complicité de faux en écriture publique par une personne dépositaire de l’autorité publique", "de complicité d’atteinte à l’intimité par captation d’images et de paroles" et "violation du secret d’une enquête portant sur la criminalité organisée".

Boris Kharmaloff et Cindy Chevaux avec Sylvain Allemand