Succession de Didier Raoult à l'IHU: la décision attendue ce mercredi

C'est le Jour-J à l'IHU de Marseille. Le conseil d'administration doit désigner ce mercredi le nom du successeur de Didier Raoult. Le professeur marseillais doit quitter ses fonctions de directeur d'ici la rentrée de septembre.
Il avait annoncé l'année dernière avoir pris la décision de quitter ses fonctions de directeur de l'IHU. Fondateur de l'IHU en 2011, le médiatique professeur fait l'objet des critiques de ses pairs pour avoir fait la promotion d'un traitement du Covid à l'hydroxychloroquine.
En avril dernier, les autorités sanitaires françaises ont dénoncé des années de "graves manquements" dans le cadre d'essais cliniques à l'institut marseillais, annonçant saisir la justice et exiger une remise en ordre de l'organisme. Depuis, l'Agence nationale de sécurité du médicament a annoncé la mise en place de mesures "correctives et préventives". Didier Raoult a de son côté reçu un blame de l'ordre des médecins.
Les extraits d'un nouveau rapport dévoilés la semaine dernière réalisé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) accablait à nouveau l'IHU de Didier Raoult, citant "des prescriptions qui ne respectent pas le code de la santé publique" et des mauvaises pratiques e matière de recherche. Ce rapport évoque aussi le fonctionnement autoritaire de la direction de Didier Raoult, la "logique de soumission" et la situation de "forte souffrance" de certains employés.
Un homme favori mais décrié
Il faut donc remettre de l'ordre au sein de l'IHU de Marseille. Un homme est favori pour reprendre la place de directeur: il s'appelle Pierre-Edouard Fournier. Ce spécialiste des maladies infectieuses, déjà en poste à l'IHU, a été proposé par le comité scientifique.
Cet ancien élève de Didier Raoult est très apprécié de la communauté médicale marseillaise et connaît parfaitement le fonctionnement de l'IHU.
Pourtant, il n'est pas encore élu qu'il est déjà fortement décrié. Le professionnel de santé est loin de faire l'unanimité, notamment du côté de l'université d'Aix-Marseille. Le CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de l'Université s'alarme. Dans une déclaration votée et adoptée à l'unanimité lundi, il indique "réprouver" la candidature du professeur Pierre-Edouard Fournier à ce poste.
Une candidature qui ne marque "pas de rupture"
Cette candidature "ne signifie pas de rupture dans le mode de gouvernance de l'IHU Méditerranée infection" , affirme le CHSCT de l'Université.
Cette candidature "ne garantit pas l'amélioration des conditions de travail des agents, et ne garantit pas non plus un avenir serein en termes de probité scientifique et médicale", poursuit le communiqué.
Le comité demande donc au président de l'Université d'Aix-Marseille de se prononcer contre cette candidature.
L'Université d'Aix-Marseille est l'un des membres fondateurs de l'IHU et aura donc une voix au moment du vote, au même titre que l'AP-HM, l'établissement français du sang, l'Institut Mérieux, l'IRD et le service de santé des Armées, qui sont les autres membres fondateurs de l'IHU.
Cette prise de position des syndicats à quelques heures du vote, n'arrange pas les affaires de Louis Schweitzer, haut fonctionnaire nommé pour organiser la succession du professeur Raoult. Car Pierre-Edouard Fournier est le seul à avoir été retenu par un jury international face à quatre autres postulants français et étrangers.
Confronté aux critiques déjà émises par le CHSCT ces dernières semaines, Pierre-Edouard Fournier expliquait début juillet au Monde les entendre. "Je ne peux pas y répondre tant que je ne suis pas nommé. Mais ma volonté est bien de changer profondément l’IHU", affirmait-il, reconnaissant que "tout n'a pas été réussi" dans la gestion du Covid-19 à l'IHU.