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Menaces et appels malveillants: les enseignants d'un collège de Miramas exercent leur droit de retrait

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Inquiets de la répétition de ces faits et de la violence des propos tenus, les professeurs du collège Miramaris craignent tant pour leur sécurité qu'ils n'ont pas accueilli les élèves lundi 22 janvier. Ils ont depuis obtenu la mise en place de cours en distanciel.

Le parvis du collège Miramaris, à Miramas (Bouches-du-Rhône), était étrangement désert, lundi 22 janvier. Pas d'enfants, pas de parents d'élèves et encore moins de professeurs à l'horizon.

Ces derniers ont exercé leur droit de retrait en raison du "danger grave et imminent" qu'ils ressentent lorsqu'ils se trouvent au sein de l'établissement. Dans un courrier adressé aux parents d'élèves, ils étayent leurs craintes, liées à la multiplication des menaces -alertes à la bombe, gaz, intrusion- visant le collège.

Le premier appel malveillant remonte au 12 octobre, retracent les enseignants dans ce texte. Tout s'accélère ensuite au mois de janvier, avec des coups de téléphone le 10, le 11 et le 12. Puis à nouveau le 15 et le 18 à deux reprises.

Une "kalash et des explosifs"

Le 19 janvier, le téléphone du collège sonne encore, par deux fois. L'appel de 16 heures se veut "extrêmement violent", rapportent les professeurs, et "laisse penser que tout est possible". L'interlocuteur, qui se présente comme un ancien élève du collège, où il avait été victime de harcèlement, se dit prêt à venir se venger avec une "kalash et des explosifs".

La goutte d'eau qui fait déborder le vase pour les enseignants, selon qui la fréquence des appels "montre le caractère obsessionnel de cet individu et ne peut plus laisser penser à une simple blague".

La répétition de ces actes malveillants s'inscrit dans un contexte de peur, renforcé par l'attentat d'Arras, le 13 octobre dernier. Ce jour-là, un islamiste avait pénétré au sein du groupe scolaire Gambetta-Carnot et assassiné Dominique Bernard, un professeur. Et le renforcement de la surveillance et des contrôles des forces de l'ordre au collège Miramaris n'y fait rien.

Comment les autorités s'organisent-elles face aux alertes à la bombe ?
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Les parents d'élèves également angoissés

"Le danger est trop important et le ressenti sur place était très, très fort. L'émotion était assez forte. Les collègues se sentaient dans une situation intenable et d'insécurité", appuie Nicolas Bernard Hayraut, secrétaire département Snes FSU 13, en référence à la journée du 22 janvier.

Interrogée par BFM Marseille Provence, Mélissa, parent d'élève, "cautionne tout à fait" la décision des enseignants.

"Ce serait bien de fermer un peu le collège pour que cette histoire se tasse et savoir qui sont les personnes qui font ça exactement", soutient-elle. "En tant que parents d'élèves, nous avons peur. On ne sait pas vraiment si les menaces sont fondées jusqu'au bout. On arrive à un stade où les enfants, on a peur de les déposer au collège."

Une décision disproportionnée?

De son côté, l'Académie d'Aix-Marseille estime cette décision disproportionnée. "Nous ne pouvons pas accepter leur droit de retrait. Les professeurs ne seront donc pas payés", écrit-elle. Et d'ajouter: "Le principal a porté plainte pour qu'une enquête soit ouverte. La préfecture a renforcé les patrouilles devant le collège".

Pas de quoi entraîner un rétropédalage des enseignants. Dans leur communiqué adressé aux parents d'élèves, ils promettaient de ne pas reprendre les cours tant que l'auteur des appels malveillants n'était pas arrêté, sauf si la direction acceptait le recours à l'enseignement à distance.

Au terme d'une rencontre avec les professeurs, dans l'après-midi du lundi 22 janvier, le proviseur leur a finalement accordé sa permission, le temps que le climat s'apaise au collège Miramaris.

Julian Mancini avec Florian Bouhot