Marseille: pour protéger ses livreurs, la Poste ne distribue plus le courrier à la Bricarde

À Marseille depuis plusieurs mois, de nombreux habitants du quartier de la Bricarde, dans le nord de la cité phocéenne, ne reçoivent plus ni leur courrier, ni leurs colis dans les boîtes aux lettres.
De quoi agaçer et surprendre ces derniers, privés de l'un de leur service de base qui gêne la vie du quotidien. "Mettons que l'on fait une commande de linge et qu'on ne la reçoit pas, eh bien c'est emmerdant. On ne reçoit pas à temps les colis", confie au micro de BFM Marseille Provence Marie, une habitante du quartier.
"Ça fait 40 ans que je suis à la Bricarde, ça ne s'est jamais passé comme ça" , assure cette dernière.
En cause, une décision prise par la Poste face à l'insécurité grandissante dans ce quartier où s'affrontent des bandes rivales sur fond de trafics de stupéfiants. Les fusillades même des enlèvements en plein jour sont devenus réguliers au quartier de la Bricarde. Fin juillet, deux hommes avaient été victimes d'un enlèvement. Des coups de feu en rafale avaient également été tirés près d'un point de deal par des hommes cagoulés.
Face à ces phénomènes, la Poste explique vouloir protéger ses salariés.
"Si la sécurité des agents ou des marchandises est en jeu, nous renonçons à distribuer au domicile du destinataire", a annoncé la direction régionale de la Poste.
Des "citoyens de seconde zone"
Même constat du côté du site internet de la Poste où il est impossible de prévoir une livraison dans la quartier. Au moment de rentrer l'adresse de destination, un encart rouge s'affiche et annonce que "l'adresse ne correspond pas à une zone livrable".
Cette disparition d'un service public, pourtant essentiel, est dénoncée par l'association "Conscience" et son président-fondateur, Amine Kassaci. "C'est vraiment désolant, de part les violences et l'insécurité dans nos quartiers, c'est nous au final qui payons le prix fort, qui ne voyons plus les services publics et qui sommes considérés comme des citoyens de seconde zone. C'est vraiment un danger pour les habitants des quartiers nords".
"Encore une fois, la République n'est plus présente dans nos quartiers", dénonce Amine Kassaci, le fondateur de l'association Conscience au micro de BFM Marseille Provence.
En attendant un éventuel retour des facteurs, les 2500 habitants que compte la Bricarde doivent se déplacer dans un bureau de poste pour récupérer leur courrier.