Marseille: les habitants agacés par les décharges sauvages, la ville et la métropole se renvoient la balle

Cagettes en bois, sacs plastique à foison, poubelles éventrées et même électroménagers: au cœur du 15e arrondissement de Marseille, une décharge à ciel ouvert pollue les rues et le quotidien des habitants du quartier. "J'habite à côté, et tous les jours je passe devant", explique l'un d'entre eux.
"C'est un chantier infini, c'est intenable, dégueulasse. C'est honteux pour la ville de Marseille. On ne peut pas accepter ça, c'est pas possible."
Et ce n'est pas le seul quartier touché. Au pied de Notre-Dame de la Garde, à Madrague-Ville, près de la rue de Tivoli... Marseille croule sous les déchets.
"Il est temps de reprendre notre ville"
Pour Jean-Yves Sayag, délégué à la propreté à la métropole Aix-Marseille qui a fait de la lutte contre les déchets sauvages son combat, il n'y a pas de doute sur l'origine de cette décharge. Pneus, encombrants et gravas auraient été entassés par des professionnels qui ne veulent pas payer la redevance spéciale pour la collecte.
"C'est 18 centimes le kilo. En général, ils ont des camions qui font 50, 60 kilos", explique celui qu'on appelle le chasseur de déchets. "18 centimes", répète-t-il, dépité. "Pour pas payer, ils viennent ici mais nous, ça va nous coûter dix fois plus."
La collectivité débourse deux millions d'euros par an pour enlever les décharges sauvages à Marseille. "C'est un crime contre l'environnement", dénonce Jean-Yves Sayag. "Il est vraiment temps de reprendre notre ville."
Métropole et ville se renvoient la balle
Pourtant, personne ne veut saisir le problème à bras-le-corps. La métropole Aix-Marseille et la mairie de Marseille, dont les relations sont de plus en plus tendues, se renvoient sans cesse la balle pour savoir qui est compétent pour agir.
"Sur cette rue typiquement, nous considérons que c'est à la métropole d'intervenir", précise Christine Juste, adjointe au maire de Marseille.
"Quelle est l'autorité compétente pour la collecte et la propreté?", demande-t-elle, pointant du doigt la métropole. "À la ville nous n'avons pas d'humains ni de moyens pour agir sur l'espace public."
La municipalité demande aujourd'hui l'aide de l'État pour mettre fin à ce chaos. En attendant, rien ne bouge dans les rues de Marseille, et ce sont les riverains qui en payent le prix, constamment.
Au chemin de la Madrague-Ville, dans le 15e arrondissement, plusieurs opérations de nettoyage ont déjà eu lieu, avant que les déchets ne reviennent. Un éternel recommencement qui semble encore et toujours au point mort, malgré les impacts environnementaux et sanitaires des décharges sauvages marseillaises.