Le président de l'université Aix-Marseille veut créer un statut de réfugié scientifique pour les chercheurs américains

Éric Berton, président de l'université Aix-Marseille, et François Hollande proposent, dans une tribune publiée ce vendredi 11 avril, la création d'un statut de réfuigié scientifique. Cet outil doit servir aux chercheurs américains "contraints à l'exil".

L'université Aix-Marseille continue de soutenir les chercheurs américains. Dans une tribune publiée avec François Hollande dans Libération, le président de la faculté, Éric Berton, appelle à la création d'un statut de "réfugié scientifique".

"Cela permettrait de les accueillir dans de bonnes conditions, tout en favorisant l'innovation, la diplomatie scientifique, française, voire européenne", écrivent-ils.

Plus de 75% d'entre eux songent à un départ

Entre financements annulés ou menacés de l'être, crainte de censure et d'atteinte à leurs libertés, de plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent à quitter les États-Unis, pourtant considérés jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

Selon un sondage publié fin mars par la revue spécialisée Nature et réalisé auprès de plus de 1.600 personnes, plus de 75% des scientifiques songent aujourd'hui à un tel départ en raison des politiques mises en place par Donald Trump.

Près de 300 candidatures

"Le 6 mars dernier, Aix-Marseille Université lançait 'Safe Place for Science', un programme d'asile pour les scientifiques des Etats-Unis", soulignent François Hollande et Eric Berton dans leur tribune. "En moins d'un mois, près de 300 candidatures sont parvenues, principalement par messageries cryptées, et avec elles, des témoignages préoccupants, parfois glaçants, de la part de chercheurs américains sur le sort qui leur est réservé par l'administration Trump".

Selon les auteurs de la tribune, "la politique de l'administration Trump a déjà un impact considérable sur la recherche mondiale". Ils ajoutent: "C'est pourquoi nous faisons entendre une demande urgente, à la hauteur du moment que nous vivons : la création d'un statut de réfugié scientifique."

"À tous ces scientifiques chassés de leur laboratoire, contraints à l'asile, nous devons offrir une lumière d'espoir."

"Au même titre que les journalistes ou les opposants politiques, lorsqu'ils sont entravés, les scientifiques doivent donc nécessairement pouvoir être reconnus comme des réfugiés à part entière", poursuivent les deux auteurs.

Ce statut permettrait, soulignent-ils, d'"accueillir dans de bonnes conditions les chercheurs, tout en leur permettant de développer leur intégration dans les laboratoires, universités ou centres de recherches".

A.V. avec AFP