Jeune homme tué par un policier à Marseille: sa famille dénonce une enquête de l'IGPN "bâclée"

En août dernier, Souheil, 19 ans, avait été tué par un agent de police lors d'un contrôle routier. La police des polices a finalement classé le dossier après plusieurs mois d'enquête.

L'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur la mort du jeune homme tué par un policier en août à Marseille a été "volontairement bâclée", a dénoncé mercredi l'avocat de sa famille, qui a porté plainte pour "obstruction à la manifestation de la vérité".

Selon les forces de l'ordre, Souheil El Khalfaoui, 19 ans, se trouvait dans une voiture en stationnement dans un quartier populaire du centre de Marseille en août quand des policiers se seraient approchés pour le contrôler. Il aurait alors fait marche arrière pour tenter de s'échapper, percutant un agent.

Un gardien de la paix aurait alors fait usage de son arme, tirant au niveau de la portière et atteignant mortellement le jeune homme.

Le parquet demande un complément d'enquête

Une enquête de l'IGPN avait conclu que le policier avait fait "un usage réglementaire" de son arme. Mardi, le parquet de Marseille a annoncé avoir demandé un complément d'enquête, sans en préciser les raisons.

Selon Me Arié Alimi, le nouvel avocat de la famille de Souheil El Khalfaoui, ce sont les éléments qu'il a recueillis lors d'une "contre-enquête" qui ont poussé le parquet à prendre cette décision.

"C'est un aveu d'une enquête bâclée, volontairement bâclée, voire même qui a mené à des dissimulations", a affirmé Me Alimi lors d'une conférence de presse, répétant la position de la famille selon qui le jeune homme a été victime "d'un homicide volontaire".

L'avocat demande le dépaysement de l'affaire

L'avocat s'est notamment étonné que plusieurs fichiers vidéo versés au dossier, provenant des caméras de surveillance d'un établissement bancaire, aient été inexploitables ou avaient carrément disparu.

"L'enquête de voisinage n'a pas non plus eu lieu", a-il ajouté, expliquant que beaucoup de témoins rencontrés "nous ont dit n'avoir jamais été contactés par la police".

Me Alimi a ajouté avoir demandé le "dépaysement" de l'affaire à Paris: "nous espérons que le parquet de Marseille saisisse un juge d'instruction pour qu'il puisse y avoir un dépaysement dans les meilleurs délais afin d'éviter plus de déperdition de preuves".

La famille dénonce de "nombreuses incohérences"

La tante et le père de Souheil, Samia et Issam El Khalfaoui, ont de leur côté dénoncé ce qu'ils considèrent être de nombreuses incohérences dans les déclarations des policiers sur le déroulé des faits et des anomalies dans le rapport de l'IGPN qui leur a été remis.

"Aujourd'hui, la seule chose que ce rapport nous a permis de voir est qu'il n'y a pas eu d'enquête", a affirmé Samia El Khalfaoui.

"Ce rapport suppose que les familles de (victimes de) violence policière sont tous d'une 'idiocratie' totale, mais ils se sont trompés avec nous", a-t-elle ajouté, annonçant de futures actions à Marseille en mémoire de Souheil.

"Depuis le 4 août, mon seul souci est la vérité", a affirmé Issam El Khalfaoui: "j'ai fait tout ce que je pouvais en restant digne, en n'accablant pas les policiers mais l'institution".

A.F avec AFP