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"Je m'en veux": la fille de l'octogénaire retrouvée morte dans une benne de l'hôpital d'Aix-en-Provence témoigne

Des personnes âgées attendent au service des urgences d'un hôpital (illustration).

Des personnes âgées attendent au service des urgences d'un hôpital (illustration). - Pascal Pavani-AFP

Claudine Fourquet annonce avoir porté plainte "contre l'institution" après avoir constaté des "dysfonctionnements". Elle déplore un manque de formation des soignants face à la maladie à corps de Lewy.

"Je m'en veux de ne pas l'avoir gardée avec moi jusqu'au bout". Ces mots empreints de regrets déchirants, rapportés par nos confrères de France 3 Alpes Côte d'Azur, sont ceux de Claudine Fourquet, la fille de l'octogénaire retrouvée morte dans une benne à ordures de l'hôpital d'Aix-en-Provence en février dernier.

L'affaire avait marqué les esprits dans un contexte de difficultés au sein de l'hôpital public. Le 23 février, Claudine accompagnait sa mère, âgée de 85 ans et atteinte d'une pathologie neurocognitive, aux urgences de l'hôpital d'Aix-en-Provence. Au bout d'une attente d'une dizaine d'heures, Claudine avait été sommée de rentrer chez elle pour aller se reposer, sa mère étant installée dans un box et devant encore attendre "trois ou quatre heures avant que le médecin interne puisse la voir".

Après quelques heures, Claudine Fourquet se rendait de nouveau à l'hôpital, et découvrait avec stupéfaction que sa mère n'était plus là. "On aurait pu tout de suite la localiser et peut-être la sauver", regrette Claudine, qui s'est vue refuser le visionnage des caméras de surveillance de l'hôpital pour tenter de retrouver sa mère au sein de l'établissement.

L'octogénaire avait finalement été retrouvée morte dans une benne à ordures, deux jours après la disparition.

"J'ai fait confiance à l'hôpital public, j'ai fait confiance au personnel soignant, et je vois qu'elle est morte dans des circonstances abominables", explique Claudine Fourquet à France 3.

Une plainte déposée

Elle déplore le fait que "tout au long de ces jours et de ces deux nuits à chercher Maman, seule, les moyens mis en place l'ont été à notre initiative", en fustigeant le fait que "des procédures empêchent de sauver des gens".

Tout en tentant de se reconstruire avec son deuil et son sentiment de culpabilité, Claudine Fourquet annonce avoir porté plainte "contre l'institution".

"1.500 familles sont aujourd'hui dans la peine et dans le deuil de leurs proches parce qu'ils les ont emmenés aux urgences, et qu'ils y sont morts alors que ça aurait pu être évité", lâche Claudine Fourquet.

"J'attendais qu'on me dise, on va faire en sorte que votre maman ne soit pas morte pour rien, que ça n'arrive jamais plus", regrette encore la fille de la victime, qui cible dans son témoignage un manque de surveillance du personnel soignant auprès de sa mère, atteinte de la maladie à corps de Lewy, causant notamment une forme de démence.

Dimanche 3 mars, au cours de l'émission Questions politiques (France Inter, franceinfo, Le Monde), le ministre de la Santé Frédéric Valletoux annonçait une enquête administrative afin de "comprendre s'il y avait des désordres dans l'organisation du service" au moment de la disparition de l'octogénaire.

Alexis Lalemant Journaliste