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"Je dors très mal la nuit": les salariés licenciés à Marignane pour avoir distribué des sandwichs invendus témoignent

Trois des quatre employés licenciés pour avoir  avoir donné des sandwiches invendus à des sans-abri, lors d'une conférence de presse, le mardi 22 avril.

Trois des quatre employés licenciés pour avoir avoir donné des sandwiches invendus à des sans-abri, lors d'une conférence de presse, le mardi 22 avril. - BFM Marseille Provence

Quatre employés des enseignes Starbucks et Prêt à Manger, situées dans l’aéroport Marseille-Provence à Marignane, ont été licenciés pour avoir donné des sandwiches invendus à des sans-abri. Durant une conférence de presse, organisée ce mardi 22 avril, ils ont fait part de leur incompréhension.

"C'était pratiquement une garde à vue". Voilà comment Sabri*, l'un des quatre salariés des enseignes Starbucks et Prêt à Manger de l'aéroport de Marignane ayant donné des sandwiches invendus à des sans-abri, a décrit son entretien précédant son licenciement.

Masqués et sous des pseudonymes, les salariés se sont exprimés, ce mardi 22 avril, sur leur situation lors d'une conférence de presse organisée par la CGT. "Du jour au lendemain, on reçoit un courrier, ensuite un entretien qui pour et mes confrères s'est transformé en interrogatoire", déclare Sabri.

"Moi, j'ai eu l'impression qu'on était dans une affaire d'homicide. Durant mon entretien, il y a eu des intimidations, des menaces et des attaques personnelles", ajoute-t-il la voix teintée de colère.

"Je subis un traumatisme psychologique"

L'employé depuis plus de 30 ans du Select Services Partner (SSP) indique être encore très marqué par cette entrevue. "Je subis un traumatisme psychologique, je dors très mal la nuit et j'arrive à très mal m'alimenter. Tout cela, parce que j'ai donné à manger à des personnes en difficulté", déclare-t-il face aux journalistes.

"Perdre son job du jour au lendemain pour une bonne action, on ne comprend pas", ajoute-t-il.

Pour les salariés, ce licenciement est incompréhensible, car le don des invendus est, selon eux, une pratique courante sur le secteur de l'aéroport. "Cela fait pratiquement trois décennies que je travaille sur l'aéroport et on a toujours distribué les invendus de façon visible", indique Sabri.

"Qu'auriez-vous fait à place? Jeter ou donner? C'est une question de morale", assène-t-il.

"Cela sent le licenciement économique déguisé"

Aux yeux du syndicat, ce licenciement pour "faute grave" pour une pratique répandue et connue dans l'aéroport est suspect.

"On se pose la question de s'il n'y a pas des licenciements économiques déguisés derrière", affirme Nicolas Guglielmacci, secrétaire local de la CGT. "L'explication économique semble la plus logique", abonde un autre représentant du syndicat.

Désormais, la CGT et les quatre anciens salariés demandent leur réintégration au sein de la société. Pour mettre la pression sur la direction, le syndicat appelle au rassemblement, ce vendredi 25 avril, à 11h30 dans l'aéroport Marseille-Provence.

*Le prénom a été modifié

Sylvain Allemand