Faux chèque géant, médaille… Un prétendu élu de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur accusé d'escroqueries

Une de ses victimes le décrit comme un escroc de la trempe d'Arsène Lupin ou de Christophe Rocancourt. Dans un communiqué transmis ce mardi 18 février, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur accuse Eddie Goujit, un ancien membre du Parlement Régional de la Jeunesse (PRJ) d'"agissements frauduleux". Ce dernier aurait commis "des actes d’usurpation et d’escroquerie", comme l'avait auparavant dévoilé nos confrères de La Provence.
Un sportif de haut-niveau duppé
D'après la région, Eddie Goujit aurait profité de sa qualité d'élu au PRJ "pour tromper des institutions, des associations et des particuliers" au cours des derniers mois. Il ne fait pourtant plus partie du parlement de la jeunesse, dont les membres ne sont pas élus mais recrutés par la région, depuis le mois de mars 2024 après y avoir siégé pendant six mois.
Lors de cette période, le jeune homme s'est présenté "à tort comme un élu vice-président de la région ou du ministère de l'Éducation nationale (...) en utilisant sans autorisation les emblèmes régionaux".
"Ce qu'il a fait est inacceptable, a réagi Ludovic Perney, vice-président de la région Sud, sur BFM Marseille Provence ce mercredi 19 février. (...) Ce jeune homme s'expliquera devant la justice. C'est la première fois que l'on voit une telle chose".
La région déclare qu'il a ainsi été exclu du parlement de la jeunesse et qu'une première plainte a été déposée fin mars pour usurpation de fonctions et usages de faux. Contacté par Var-Matin, Eddie Goujit assure avoir "démissionné" lui-même de l'institution.
Dans le communiqué, d'autres tentatives d'escroquerie sont évoquées. Ainsi, le faux élu aurait dupé un sportif de haut niveau "avec de faux contrats de partenariat". Ce dernier a porté plainte à Nice.
Il aurait également tenté de faire payer un de ses déjeuners à Vence par la région, ce qui a entraîné le dépôt d'une nouvelle plainte début décembre. Là encore, le Varois nie les accusations.
Un faux chèque, une fausse médaille...
Au début du mois, il aurait tenté une nouvelle supercherie aux aspects lunaires en se rendant à un concours de beauté à Mazan. Il se serait "attribué le pouvoir de décerner une médaille de l'Ordre National du Mérite" au fondateur du concours et s'est engagé à fournir des financements publics.
Le jeune homme s'est ainsi présenté à Mazan avec un faux chèque géant et cartonné, d'un montant de 175.000 euros, en prétendant accorder une subvention régionale. "Je n'ai pas d'idée concernant ses motivations", a assuré Ludovic Perney ce mercredi soir. Dans La Provence ce mercredi 19 février, Bruno Solari, fondateur du concours, décrit le faux élu comme "très intelligent, brillantissime même. Entre Arsène Lupin et Rocancourt".
Il explique qu'Eddie Goujit l'avait abordé neuf mois plus tôt au Festival des séries de Cannes pour prendre une photo avec les Miss et Misters Elegance, qu'il a ensuite publié sur son compte Linkedin. Bruno Solari rapporte que l'accusé lui a également adressé une promesse d'embauche siglée "Région Sud", pour un salaire de 3.300 euros.
"J'ai toujours été clair, sur l'annuaire des élus de la région sur internet, il me semble que ma tête n'y est pas, ni mon nom ni mon prénom. Si réellement ces personnes attendaient un financement ou quoi que ce soit de ma part, ils auraient vérifié cette information-là" rétorque Eddie Groujit. Une photo de lui, chèque en main, a pourtant été prise par les personnes l'accusant de l'arnaque.
Candidat aux municipales à Toulon
Passé par les rangs du Rassemblement National avant d'être écarté de la campagne des élections législatives du mois de juin dernier, il se décrit comme un "encadrant SNU" et "CEO" d'un snack toulonnais, qu'il prétend ouvrir au mois de mars, sur les réseaux sociaux.
Au mois de décembre dernier, Eddie Groujit, qui a lancé son mouvement "Cap sur Toulon" avait déclaré sa candidature à la mairie toulonnaise. Var-Matin lui avait consacré un article, le présentant comme un "outsider" aux éléctions municipales de 2026.
"Ces agissements sont d’une gravité inacceptable. Utiliser l’image de la Région Sud pour tromper et escroquer nos partenaires, qu’ils soient élus ou présidents d’associations, est intolérable (...). Nous continuerons à défendre avec force l’intégrité de nos institutions et l’engagement sincère de notre jeunesse" déclare Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
La région annonce également qu'en plus des trois plaintes déjà en cours, une quatrième sera déposée pour "usurpation de fonctions, faux et usage de faux, et escroquerie". L'ensemble des associations subventionnées ont également été prévenues.