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"Elle pleure chaque jour": l'avocat de la famille de Socayna décrit "le calvaire" de la mère de la jeune fille, tuée à Marseille

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La jeune femme de 24 ans, étudiante en droit, a été tuée le 10 septembre 2023 après avoir reçu une balle perdue, alors qu'elle travaillait dans sa chambre à Marseille.

Dans la soirée du 10 septembre 2023, une fusillade avait éclaté dans le quartier de Saint-Thys à Marseille. Socayna, une étudiante en droit de 24 ans, avait été tuée d’une balle perdue de kalachnikov en pleine tête, alors qu'elle travaillait dans sa chambre. Invité sur BFMTV ce dimanche 16 mars, Me Marc Ceccaldi, l'avocat de la famille de la victime, a évoqué le quotidien de ses proches, notamment de sa mère Layla et de sa soeur Sabrina, qui ont découvert une "scène d'effroi" ce soir-là.

"Layla vit un calvaire psychologique depuis 550 jours. Elle est dans une souffrance absolue et cherche vainement des réponses où il n'y en a pas. Sa vie est suspendue depuis septembre 2023, déplore-t-il. Elle pleure chaque jour".

"Ce qui est effrayant, c'est la sociologie de ce dossier. Il y a une jeune fille solaire, décrite par tous comme éprise de culture et de savoir, qui a envie de s'élever et a été elle-même élevée avec des valeurs du travail et du mérite malgré une condition modeste. À l'opposé, comme un miroir tragique, on est dans un environnement plutôt toxique où les stupéfiants dominent le quotidien. C'est un jeune qui a décroché de sa scolarité, dans la toute-puissance et qui n'a comme culte que l'ultraviolence et l'argent facile", expose-t-il au moment d'évoquer le principal suspect.

L'intentionnalité de l'homicide en question

Début février, le juge d'instruction en charge du dossier a rendu son ordonnance de mise en accusation, actant le procès de Juan, un adolescent âgé de 15 ans au moment des faits. Il comparaîtra dans les prochaines semaines pour "meurtre" devant le tribunal pour enfants de Marseille.

Dans ce document de 83 pages que BFMTV a pu consulter, le mineur est accusé d'avoir "dans des conditions particulièrement brutales, soudaines et dramatiques, causé le décès de Socayna, et ce, lors d'actions répétées, de tirs menés à l'arme de guerre, sur la voie publique."

Pour l'heure, la stratégie de la défense prône l'innocence et la non-présence de l'accusé sur les lieux. Dans le cadre de l'enquête, un proche de Juan a néanmoins assuré aux enquêteurs que ce dernier s'était vanté de la mort de la jeune femme. "C'est moi qui ai tué la fille" aurait-il déclaré, avant de rétropédaler: "Ça va je rigole."

"Il est mis en examen pour homicide volontaire avec préméditation, un assassinat dans le langage courant. Ce n'est pas parce qu'on rate ou se trompe de cible que l'intentionnalité de l'homicide doit être écartée", rappelle Me Marc Ceccaldi sur BFMTV.

Une "expansion territoriale du narcotrafic"

Au terme des investigations, les enquêteurs ont établi que le mobile des tirs "était une expédition menée dans un contexte de narcobanditisme". L'oncle de l'accusé, Yoan R., 30 ans, est considéré comme le chef de réseau du quartier Château Saint-Loup. Quand sa mère, Jessica C., est désignée comme la "banquière" de ce trafic.

Selon l'avocat, cette affaire "montre l'expansion territoriale du narcotrafic et le chez-soi qui n'est plus protecteur". "Ce profil de victime innocente rattrapée par les conséquences du narcotrafic se multiplient depuis quelques années", assure le représentant des intérêts de la famille de Socayna.

Juan ne sera pas seul à devoir faire face à la justice dans les prochaines semaines. Amine L., âgé de 21 ans, est lui soupçonné d'être le conducteur du scooter. Il sera renvoyé devant les assises pour complicité d'assassinat. Lui aussi nie toute participation dans la mort de Socayna.

Gabriel Joly