Effondrements de la rue d'Aubagne: des crieurs racontent le procès dans les rues de Marseille

Texte à la main, Jean s'imprègne du récit des audiences de la semaine au procès des effondrements de la rue d'Aubagne, qui se tient à Marseille depuis le 7 novembre. Il fait du collectif des "Crieureuses publiques" qui racontent les débats qui se tiennent au tribunal dans les rues phocéennes.
Pendant une vingtaine de minutes, samedi sur le marché de la Belle-de-Mai, il a donné la réplique à un autre crieur portant une casquette de marin, scandant son texte dans un porte-voix couleur laiton. Une scène qui donne l'impression de se dérouler au début du siècle dernier.
Le thème de samedi: les plaidoiries des avocats des parties civiles. Les échanges sont retranscrits sous forme d'une mini-série théâtrale que les membres du collectif nourrissent depuis le début du procès.
Sensibiliser sur les immeubles en péril à Marseille
Sur le marché, certains passants marquent un temps d'arrêt pour tendre l'oreille. "Quand tu as une mise en scène, avec un tambour, des espèces de cornes qui portent la voix, ça va intriguer", estime Jordi, 32 ans, présent au marché samedi.
Pour le récit, le collectif s'appuie sur les greffiers populaires et les articles de presse des journalistes qui assistent aux audiences. Objectif: sensibiliser le plus grand monde à la question de l'habitat indigne à Marseille.
"On écrit chaque semaine le récit du procès et on le crie trois par semaine sur des marchés, sur des places publiques, à la Cannebière... Quand on voit l'étendue des rues et des immeubles en péril dans Marseille, ça concerne vraiment l'ensemble de la ville. Donc on essaye d'être là le plus possible, pour aussi donner des occasions à des gens qui n'ont pas le temps de s'informer beaucoup" de le faire, explique Marien Guillé, poète urbain et membre des "Crieureuses publiques".
En attendant la fin du procès programmée mercredi, le collectif prévoit de raconter l'intégralité des six semaines d'audience sur le site de la dent creuse laissée par l'effondrement des immeubles, rue d'Aubagne, là où le drame s'est produit il y a plus de six ans.