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"C'est tous les soirs": les livraisons par drone se multiplient dans les prisons des Bouches-du-Rhône

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Depuis l'extérieur, les livreurs font décoller leurs drones équipés de caméras pour pouvoir livrer directement dans l'enceinte de la prison, voire à la fenêtre des cellules. Les surveillants pénitentiaires déplorent le manque de moyens pour lutter contre cette pratique.

De la drogue, de l'argent, des téléphones portables, et parfois des armes blanches... Depuis plusieurs mois, les détenus des prisons des Bouches-du-Rhône parviennent à se faire livrer des colis par drone jusqu'à la fenêtre de leur cellule.

Le phénomène s'est généralisé. Le 27 octobre dernier, un colis contenant des produits stupéfiants, plusieurs téléphones portables et du matériel technologique a ainsi été intercepté à la prison des Baumettes.

"C'est tous les soirs, les drones effectuent 5 à 6 livraisons par jour minimum", commente un détenu d'une prison du département.

Un système simple et bien rodé

Depuis l'extérieur, le livreur guide l'engin électronique équipé d'une caméra, et parachute le colis qui lui a été transmis par l'entourage du prisonnier. "Il y a un livreur dehors. Tu te mets en contact avec lui, tu lui donnes ton colis avec 250 euros et il le ramène devant la fenêtre", poursuit le détenu interrogé par BFM Marseille.

Face à cette pratique, les surveillants pénitentiaires se disent démunis. "On voit les projections qu'on a eues fin octobre, avec presque un kilogramme de cargaison livré en cellule. Et ça, c'est ce qu'on a réussi à voir", se plaint Cyril Huet-Lambing, délégué général du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS).

"Pas d'effectif, pas de moyens coercitifs, pas de moyens matériels... C'est impossible", explique le représentant. "Des agents sont formés pour cela (lutter contre les livraisons par drone, ndlr) mais on ne leur donne aucun moyen pour faire leur travail. C'est complètement hallucinant."

Les filins anti-hélicoptères étant inefficaces, d'autres outils sont actuellement développés, comme des brouilleurs de signal GPS.

Sur le plan juridique, les livreurs s'exposent à des sanctions pouvant aller jusqu'à 1 an de prison ferme et 75.000€ d'amende.

Mathias Fleury