"C'est démoralisant": la détresse des habitants du quartier de La Renaude à Marseille, en attente de relogement

Des habitants à bout. Alors que la cité de La Renaude, dans le 13e arrondissement de Marseille, est vouée à la démolition par le bailleur social Habitat Marseille Provence, une douzaine d'habitants attendent encore d'être relogés.
En attendant la démolition, ils évoquent une cité "fantôme", et surtout des logements laissés à l'abandon. C'est le cas de celui de Yasmina, une septuagénaire dont l'habitation a été ravagée par des infiltrations d'eau.
"Les chutes du Niagara. Tous les murs, mes armoires, mon linge, c'est tout trempé", raconte-t-elle au micro de BFM Marseille Provence. "C'est démoralisant. Je vais vivre quoi maintenant? Ma vie de cinquante ans, elle va aller à la poubelle. Il ne me reste plus rien."
Les habitants dans l'attente
La septuagénaire s'est vue prêter une caravane par des amis pour s'abriter en attendant d'être relogée. Une solution de fortune loin d'être idéale, mais elle ne pouvait plus rester dans son appartement.
"Ma voisine est venue me récupérer, elle m'a dit 'tu ne dors pas là, c'est pas possible", raconte-t-elle.
Une centaine d'habitants de la résidence ont déjà été relogés, mais dans des quartiers qu'ils jugent "déshérités". La ville de Marseille pointe même du doigt le projet de démolition de la cité, qui ne bénéficie pas de toutes les autorisations nécessaires, selon elle.
"Ils avaient obtenu l'autorisation de démolir un certain nombre de logements de la cité Hérodote, et pas La Renaude", souligne Patrick Amico, adjoint à la ville de Marseille en charge du logement.
L'adjoint s'est rendu sur place ce jeudi 29 février pour constater la situation, et estime que les conditions de vie des familles restantes à La Renaude sont "insupportables".
"Il appartient au bailleur Habitat Marseille Provence de trouver les solutions de relogement acceptables", conclut-il.
Contacté par BFM Marseille Provence, le président du bailleur social assure que la ville de Marseille était au fait du projet de démolition.
"Aujourd'hui, on nous fait un mauvais procès. Tout cela est cousu de fil blanc", déclare Patrick Pappalardo. "Les 95 familles ont été relogées sur des décisions communes. Nous avons eu l'accord de la ville, de la métropole et de l'État."
Une réunion doit rassembler le préfet à l'égalité des chances, le bailleur social et la ville de Marseille le 12 avril prochain.