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Bouches-du-Rhône: un terrain agricole privé entre Istres et Saint-Martin-de-Crau transformé en décharge illégale

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Dans les communes d’Istres et de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône), un terrain agricole privé sert depuis des années de point de dépôt pour des camions venus y déverser toutes sortes de déchets. Une situation préoccupante que les autorités peinent à faire évoluer, freinées par un imbroglio administratif entre les deux communes.

Ferraille, plastique, électroménager ou même béton... Le propriétaire d’un terrain agricole, situé à cheval entre les communes de Saint-Martin-de-Crau et d’Istres,(Bouches-du-Rhône) autorise depuis des années le dépôt de déchets en tout genre.

Longtemps resté inaccessible aux autorités, ce site privé surnommé "mont gravat" par les riverains– et dont le volume de déchets est estimé à 80.000 m3 ensevelis – a été inspecté mardi 13 mai par les forces de l’ordre et un élu.

Une visite qui les a sidérés, notamment face à la présence de "matières non inertes", que Bruno Barthélemy, garde champêtre à Saint-Martin-de-Crau, juge très mauvaises pour la nature.

Des matières dangereuses pour l’environnement

"Dans les chaînes du temps, certains de ces déchets mettront plus de 1.000 ans à se dégrader dans l’environnement. Cela risque de peut-être créer un gaz qu’on appelle le méthane, et qui peut produire des explosions", alerte le garde champêtre.

Le propriétaire des lieux, lui, se défend. "Mais moi, c’était mon boulot de concasser tout ça, je travaillais avec des grosses sociétés. On mettait des machines, des concasseurs, on transformait le produit. Le but du jeu, c’est du recyclage", tient-il à expliquer.

D'autres déchets aperçus sur le terrain agricole
D'autres déchets aperçus sur le terrain agricole © BFM Marseille Provence

Bien qu’il affirme ne pas se sentir en faute pour avoir accueilli ces montagnes de déchets accumulés au fil du temps, le propriétaire s’est néanmoins résigné ce mardi à dresser un obstacle devant l'entrée du site, en installant un amas de terre pour empêcher les camions de passer.

Cela intervient dans le sillage de deux arrêtés préfectoraux interdisant toute activité sur les lieux depuis décembre dernier.

"La mesure la plus urgente et prioritaire que nous demandions, c’est enfin chose faite. Et nous viendrons constater régulièrement que ce tas de terre, bien évidemment, il n’a pas été enlevé", prévient Geoffroy Morra, adjoint au maire de Saint-Martin-de-Crau, délégué à la sécurité.

Un conflit administratif

Cette avancée est toutefois loin de résoudre un conflit entre deux villes voisines. Le terrain est partagé entre deux communes avec deux hectares pour Saint-Martin-de-Crau et dix pour Istres. Un imbroglio administratif vieux de plusieurs années et sur lequel le maire reconnaît son impuissance.

"Même avec des pouvoirs de police, je suis dans l’incapacité de me mettre au milieu de la voie, faire les bras en croix et stopper les camions. Ce n’est pas un manque de courage, c’est un problème d’autorité juridique", explique François Bernardini, maire d’Istres.

En attendant des mesures plus fortes, l’alerte environnementale a déjà été donnée. Un capteur, installé à Entressen à Istres en coopération entre Atmosud et l’association France Nature Environnement, a détecté entre décembre et mars des niveaux préoccupants de pollution aux particules fines.

"Au regard du contexte local, le brûlage régulier de déchets sur le terrain est l’hypothèse la plus probable pour expliquer ces pics de concentration pendant la nuit", indique le rapport d’analyse d’Atmosud.

La suite de l’affaire se jouera devant les tribunaux. Le propriétaire du terrain est attendu à comparaître en septembre prochain.

Francesco Carvelli avec Alexandre Simoes