Bouches-du-Rhône: à Graveson, une caserne en manque de pompiers volontaires l'été

Les pompiers de la caserne de Graveson - Nicolas TUCAT / AFP
Tout près d'oliviers noircis, vestiges de l'incendie du massif de la Montagnette ayant détruit quelque 1600 hectares de végétation en juillet, est nichée la caserne de Graveson (Bouches-du-Rhône). Ses 25 sapeurs-pompiers, tous volontaires, rêveraient de bras supplémentaires l'été. Un mois et demi après ce sinistre, le plus gros qui ait touché ce département du Sud de la France cet été, les esprits et les corps restent marqués.
"On a été présents 24 heures sur 24 pendant une bonne quinzaine de jours, ce qui a fatigué" l'équipe, explique l'adjudant-chef Laurent Marecaux, pompier depuis 32 ans. Au plus fort de l'incendie, 21 volontaires combattaient simultanément les flammes.
"Et la sécheresse nous a rendu la tâche difficile", explique-t-il, lui qui aimerait voir les effectifs de la caserne évoluer durant la saison estivale.
Car en été, tous les jours, incendie ou pas, une garde est opérée, mobilisant quatre sapeurs-pompiers volontaires, de 13h00 à 19h00, à la caserne ou en groupement prépositionné sur le terrain. "Les horaires peuvent varier si le risque d'incendie est plus fort", précise le capitaine Romain Ramos, chef du centre de Graveson depuis 2014.
Durant cette saison estivale, le département a connu de très nombreuses journées en alerte incendie élevée. Et au fil des années la saison des feux débute plus tôt. "Plus on commence tôt, plus c'est compliqué. On 'tape' sur nos jours de repos, on est usés physiquement, c'est lourd", insiste le capitaine Ramos.
Heureusement, quelques volontaires sont employés par le département des Bouches-du-Rhône, et une convention de mise à disposition avec le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) permet de les libérer en cas de besoin de renfort.
"Mais dans le privé, c'est plus compliqué", reconnaît Romain Ramos. En dehors de leurs temps de repos ou de congés, "ils sont obligés de rester au travail, d'arriver à l'heure, ce qui n'est pas sans conséquence", notamment en cas de gros feux.
"Avant, c'était plus simple"
Au cours des 20 dernières années, la France a perdu 30.000 volontaires, selon la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. Fin 2020, on dénombrait 251.900 sapeurs-pompiers, dont 197.100 volontaires (78%), 41.800 professionnels (17%) et 13.000 militaires (5%), selon un décompte des Sdis.
La commune de Graveson compte un bassin d'environ 5000 habitants, mais la caserne est "enclavée" parmi d'autres, plus grandes, composées également de pompiers professionnels. "Alors il est rare que des jeunes" poussent notre porte, regrette Romain Ramos.
Pour l'adjudant-chef Marecaux, cela s'explique aussi par les contraintes qui pèsent tout au long de l'année sur les volontaires: "Quand on dit qu'il y a un week-end d'astreinte par mois, qu'il faut venir régulièrement, qu'il faut aussi être présent quand il y a de grosses interventions, s'entraider", tout en conjuguant vie professionnelle, études et vie personnelle, cela peut créer une certaine réticence.
"Avant, rentrer pompier, c'était un peu plus simple, on nous donnait la tenue, on allait faire une intervention, et ça se passait! Maintenant, les formations sont complètes, autant qu'un professionnel" et demandent une grande disponibilité, observe-t-il, 32 ans après sa première intervention. "Si on recrute un volontaire par an, c'est déjà bien", confirme Romain Ramos.
En 2021, les pompiers de Graveson ont réalisé quelque 500 interventions. 140 autres ont été prises en charge par les casernes voisines, disposant d'une garde postée en journée. Mais si le besoin de volontaires se fait ressentir durant la saison des feux, "hors été, pourquoi serait-on 50 dans la caserne? Comment je vais faire pour les intéresser?" s'interroge Romain Ramos, avant de conclure: "Pendant dix mois, ils n'auront rien à faire!"