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Barracudas, langoustes… des poissons exotiques aperçus dans la Méditerranée au large de Marseille

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De nombreux poissons exotiques prolifèrent désormais dans la mer Méditerranée. En cause: le réchauffement climatique. Un phénomène qui menace lourdement la biodiversité et les espèces locales.

La Méditerranée subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Ces derniers mois, des poissons exotiques habitués des eaux tropicales ont été aperçus au large de Marseille. Des bancs de centaines de barracudas sont désormais régulièrement filmés au nord de la Méditerranée et dans les Calanques.

"C'est monnaie courante de les croiser", assure Guillaume Ruoppolo, plongeur-photographe sous-marin. "Il y a quelques spots, notamment sur les îles de Riou, où à chaque plongée je pense que 99% des plongeurs ont vu des barracudas."

Auparavant confiné à l'océan Indien ou encore à la mer Rouge, le barracuda a étendu son espace de vie. Et ce n'est pas la seule espèce qui fait son apparition dans la Méditerranée.

"Un jour, je me suis trouvé avec une langouste tropicale dans un de mes bassins", raconte à BFM Marseille Provence Gérard Carrodano, pêcheur depuis 40 ans au large de La Ciotat.

Le premier réflexe du pêcheur a été de croire à une blague. "Je me suis posé la question d'où elle venait et puis finalement je me suis dit que la personne qui l'avait mis là va finir par me le dire."

"Et puis c'est un de mes ouvriers de l'aquamarine qui l'a trouvée et elle était vivante."

Une concurrence dangereuse entre les espèces

De nouvelles espèces qui bouleversent, voire menacent la biodiversité locale. Un phénomène qui s'accentue chaque année, de quoi complètement transformer la Méditerranée. La mer est d'ailleurs l'une des zones les plus touchées par le changement climatique. Le bassin se réchauffe 20% plus vite que le reste de la planète.

"En une cinquantaine d'années, on a pris à peu près un degré sur la Méditerranée", expliquait le président du parc national des Calanques Didier Réault à RMC en février. "Et donc des espèces qui se trouvaient au sud du canal de Suez remonte dans le canal." De quoi expliquer l'afflux de poissons tropicaux.

"On peut avoir des concurrences de certaines espèces", alerte Gérard Carrodano. "Le poisson-lion, dans les tropiques, ils sont inquiets parce que ça mangent beaucoup d'autres poissons."

Même chose pour les barracudas. Redoutables prédateurs carnivores, ils pourraient provoquer la disparition de plusieurs espèces du littoral méditerranéen. "Il y a une compétition, un remplacement qui se fait", confirme Didier Réault. Un scénario que redoutent de nombreux spécialistes.

Les plus grosses populations de barracudas se situent dans des zones où la chasse et à la pêche sont interdites depuis 2012. Cela comprend plusieurs sites de l'archipel de Riou telles que les Moyades ou encore la pointe de Caramassaigne.

Aya El Amri et Clémence Fournival, avec Juliette Moreau Alvarez