Vaulx-en-Velin dans "une zone de trafic"? Renault justifie la fermeture de son site, les salariés abasourdis

La terminologie employée par la direction de Renault revient dans toutes les bouches. La concession de Vaulx-en-Velin (Rhône) se situerait dans une "zone de trafic et de non-droit", selon un document remis aux syndicats des salariés, avec son lot d'insécurité. Une zone, qui plus est, où les revenus des habitants sont jugés trop faibles par rapport aux standards de la marque au losange.
Tels sont les motifs avancés pour justifier la fermeture du site de 24.000 mètres carrés, implanté à proximité du centre commercial Carré de Soie, d'ici au 31 décembre. L'entreprise prévoit de redéployer les 105 employés de Vaulx-en-Velin vers les sites de Vénissieux, Rillieux-la-Pape ou du 9e arrondissement de Lyon.
Annoncée il y a environ un mois, la décision a abasourdi les salariés. Une partie d'entre eux étaient réunis devant la concession ce mardi matin. Ils ont dressé une banderole entre un poteau et un arbre, sur laquelle les automobilistes peuvent lire l'objet de leur rassemblement: "Non à la fermeture".
"Ils cherchent des excuses"
"Ils cherchent des excuses pour fermer l'entreprise en fait, grince Rassim Karadavut, technicien sur le site de Lyon-Est, au micro de BFM Lyon. C'est pas une zone de non-droit. Ça fait 18 ans que je suis là et je n'ai jamais eu d'histoires."
L'intéressé ne partage pas plus cet argument que celui lié aux revenus des habitants du secteur: "C'est la clientèle de Vaulx-en-Velin qui achète des véhicules neufs. C'est des véhicules à 25.000, 30.000, 35.000 euros. Comment on peut dire que les gens sont pauvres? C'est un manque de respect total".
Amara Fenniche, délégué syndicat CGT Renault Lyon-Est, y voit lui "de la discrimination". Comme son collègue, il n'a jamais été confronté à un quelconque problème avec les habitants. "Ça nous a un petit peu choqué de la part d'un grand groupe comme Renault", déplore-t-il.
Contacté par notre antenne, Renault Retail est revenu sur l'expression "zone de non-droit et de trafic", une phrase qu'il juge a posteriori "inappropriée et maladroite". "Elle ne reflète pas nos ambitions dans la région. Nous présentons nos excuses à la municipalité de Vaulx-en-Velin", a poursuivi le responsable de la communication du groupe.
Un appel à l'État
Outre l'emploi de ces termes, c'est la décision de fermer la concession en tant que telle qui a surpris les salariés, alors que la direction semblait indiquer lors des dernières réunions que les résultats de la concession étaient plutôt bons, malgré une baisse du chiffre d'affaires du groupe de 2,7% sur un an au premier trimestre 2022.
"La perte d'argent n'est pas supérieure au salaire mensuel de M. De Meo (le directeur général de Renault, ndlr). Si pour eux la perte de l'établissement de Lyon-Est est abyssale, j'aimerais avoir une explication sur le salaire de M. De Meo", avance Christian Padey, délégué central adjoint de la CGT Renault.
D'autant que les solutions de reclassement proposées par l'entreprise risquent selon lui de compliquer la vie des salariés mutés, avec des temps de trajets plus longs et, in fine, une perte de pouvoir d'achat. Idem pour les clients: "On va favoriser la désertification de nos banlieues".
Les salariés en appellent désormais à l'État pour leur venir en aide, ce dernier étant actionnaire de l'entreprise Renault.