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"Une ligne rouge a été franchie": échange musclé entre Jean-Michel Aulas et les écologistes autour des "vrais Lyonnais"

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Accusé par la gauche de frôler l'extrême droite en ayant fait référence aux "vrais Lyonnais" dans un post, Jean-Michel Aulas a été moqué par le vice-président écologiste de la métropole. Avec ce discours, ce dernier estime qu'on "en arrive rapidement à parler de vrais Français ou de vrais Allemands". Une déclaration, jugée comme une "ligne rouge" par l'ex-patron de l'OL.

"Quand on commence à parler de vrais Lyonnais, on en arrive rapidement à parler de vrais Français ou de vrais Allemands". Ces mots sont ceux de Fabien Bagnon, vice-président écologiste de la métropole de Lyon, qui charge avec cet étonnant parallèle à l'histoire Jean-Michel Aulas sur X, ce lundi 28 juillet.

L'ancien patron de l'OL avait, quelques heures plus tôt, interpellé le maire de Lyon sur le même réseau social. Ce dernier commentait un autre message publié par le candidat aux municipales Édouard Hoffmann, qui faisait un état peu élogieux de Lyon, avec des clichés de la ville taguée et "défigurée".

"C’est très juste, les vrais Lyonnais ont honte de ce qui se passe: mais c’est vrai il faut être Lyonnais (de naissance, de travail, de coeur) pour comprendre ce désenchantement qui se mue en colère!", a estimé Jean-Michel Aulas.

"Je suis sidéré par les propos de Fabien Bagnon"

Un commentaire, qui a donc valu à l'homme d'affaires d'être épinglé par Fabien Bagnon, jugeant que JMA "ratisse très très large à droite", après sa référence aux "vrais Français" et aux "vrais Allemands".

"Parler de 'vrais Lyonnais' en mentionnant leur lieu de naissance est extrêmement grave et discrimatoire. C'est inadmissible de la part d'une personne publique potentiellement candidate à la mairie de Lyon", a écrit dans un autre tweet l'écologiste.

Un rappel à l’histoire qui a tout de suite fait réagir l’ancien président de l’OL, qui s'est dit "sidéré par les propos de Fabien Bagnon".

"Comparer mon attachement aux Lyonnais à une dérive nazie, faire l’amalgame entre l’amour d’une ville et les heures les plus sombres de notre histoire, c’est franchir une ligne rouge. C’est abject, c’est indigne", fustige Aulas.

L'homme de 76 ans a aussi appelé le maire de la ville, Grégory Doucet, ainsi que le président du Grand Lyon, Bruno Bernard, à "dénoncer" ces propos. "Il ne s’agit plus d’un dérapage, mais d’un naufrage moral. Le silence de la ville de Lyon et de la métropole vaudrait approbation. Et moi, je ne me tairai pas", prévient-il.

"Point Godwin", "dérive du vocabulaire gravissime"...

La violente passe d'armes entre les deux hommes a fait réagir une grande partie de la classe politique lyonnaise, largement embarquée dans la campagne des municipales. Campagne qui, à huit mois de son terme, ne compte toujours pas officiellement Jean-Michel Aulas sur sa ligne de départ, bien que son annonce à la rentrée ne fait plus guère de doute.

Pour Valentin Lungenstrass, adjoint au maire de Lyon, "les bons soldats qui défendent JMA ne se rendent même pas compte de la gravité de ce qu'il a écrit".

"Cette expression de 'vrais Lyonnais' interpelle lorsqu’on sait que cette rhétorique est utilisée par l’extrême droite pour faire un tri entre les Français", estime Rémi Zinck, maire du 4e arrondissement, aussi venu en soutien à son collègue écologiste.

Du côté des LR, on fustige par la voix du maire du 2e arrondissement et candidat aux municipales, Pierre Oliver, des "dérapages de l’extrême gauche, (qui) n’en sont pas moins inacceptables dans notre débat public". Ce dernier réclame des excuses de Fabien Bagnon et estime que le "point Godwin (faire une référence au nazisme alors que la discussion ne s'y prêtait pas, NDLR) est l’argument de ceux qui n’en ont pas".

Le chef de file Renaissance dans le Rhône, Thomas Rudigoz, dénonce aussi "un virage dangereux" pris par Fabien Bagnon. "Ce genre de dérapage ne grandit personne! Vous devriez retirer un tel post".

D'autres maires de droite comme Gilles Gascon ou Alexandre Vincendet cinglent un "naufrage moral" et un "dérapage scandaleux".

Alixan Lavorel