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Rhône: l'hôpital de Villefranche-sur-Saône fait peau neuve, mais manque toujours de personnel

Aujourd'hui rénové et agrandi, l'établissement fait toujours face à une pénurie de soignants. La CGT estime que l'investissement aurait d'abord dû être consacré au recrutement.

La peinture est fraîche et les couleurs au mur se veulent plus chaleureuses qu'autrefois. Au sol, les jouets répartis ici et là permettent aux enfants de passer le temps en attendant leur passage au bloc opératoire. Dans un couloir, une voiturette électrique siglée BMW recharge ses batteries avant de les y conduire.

Il n'y a pas de doute, le service pédiatrique de l'hôpital Nord-Ouest, établi à Villefranche-sur-Saône (Rhône), est flambant neuf et ses gadgets sont dernier cri. Il est aussi trois fois plus grand qu'avant le coup d'envoi des travaux, il y a trois ans.

"Il était indispensable de pouvoir trouver un lieu où on puisse regrouper toute la pédiatrie -à la fois la pédiatrie médicale et la pédiatrie chirurgicale- et toutes les prises en charge ambulatoires", résume le Dr Philippe Rebaud, chef du service maternité-néonatalogie, au micro de BFM Lyon.

Plus de 10.000 équipements supplémentaires

Désormais rénové et agrandi, l'établissement bénéficie également d'une pharmacie ultramoderne équipée de robots, d'un nouveau laboratoire d'analyses médicales et de salles de rééducation avec bassins. Le tout pour une enveloppe chiffrée à 80 millions d'euros.

Marie-Pierre Bongiovanni-Verges, directrice générale de l'hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône, applaudit cet investissement.

"Nous avons doté toutes ces structures de plus de 10.000 équipements, qu'ils soient biomédicaux, logistiques, techniques, informatiques. Ce sont aujourd'hui des règles de base pour avoir une qualité de vie au travail acceptable pour nos professionnels", vante-t-elle.

"Régler les problèmes qui se passent dans les services"

Les membres de l'équipe médicale ne sont, eux, pas aussi dithyrambiques que leur directrice générale. Pour preuve, cette affiche installée devant l'établissement par la CGT: "ALERTE. Hôpital en danger, soignant(e)s épuisé(e)s".

Le syndicat considère l'investissement matériel malvenu en ces temps de crise et juge qu'il aurait été plus judicieux de faire du recrutement de nouveaux bras une priorité.

"Il faut déjà régler les problèmes qui se passent dans les services et mettre du personnel, souligne Caroline Arens, déléguée syndicale. Et pour ça, il faut de l'argent. Et pour ça, il faut que le ministère de la Santé donne de l'argent à ces hôpitaux qui sont en déficit. Ils ne pourront pas survivre tout seuls et les directions ne pourront pas tout gérer."

Une question de vocations et non de budget?

Interrogée par BFM Lyon, la direction de l'hôpital se défend. Le déficit de personnel ne résulte, selon elle, pas d'un manque de budget mais d'un manque de vocations.

Quelles qu'en soient les raisons, les difficultés éprouvées par l'hôpital de Villefranche-sur-Saône font écho à une problématique d'envergure nationale. Avec pour conséquences des suppressions de lits, des fermetures d'urgences ou de maternités la nuit et une dégradation grandissante des conditions d'accueil des patients.

Stéphanie de Silguy et Clémence Delarbre avec Florian Bouhot