Prostitution à Lyon: malgré l'arrêté d'interdiction, les travailleuses du sexe stationnent toujours à Gerland

En journée, elles ont quasiment déserté la plaine des Jeux, mais la nuit tombée, les camionnettes reviennent au bord des terrains de sport. Il y a quelques mois, la préfecture du Rhône a pris un arrêté interdisant le stationnement des véhicules dans la zone de Gerland à Lyon, afin d'endiguer l'activité des travailleuses du sexe. Avec un succès tout relatif.
Ainsi, ces dernières sont de moins en moins nombreuses dans le quartier, lorsque la présence des forces de l'ordre est renforcée. "Il y en a quand même toujours quelques-unes, mais elles sont moins présentes", assure Maylis, 16 ans.
Pourtant, dès le départ des policiers en fin de journée, les camionnettes blanches sont de retour. L'une derrière l'autre, elles se garent le long des routes à proximité des terrains de sport.
Des riverains et des parents inquiets
De quoi exaspérer les commerçants et les riverains qui dénoncent des nuisances, et surtout de l'insécurité. "Une fois sur deux, vous avez des 'camés' qui rentrent dans le restaurant et qui demandent de la monnaie, un café, les toilettes", raconte Magali Michelon, dirigeante du restaurant Argenson, à BFM Lyon. "Un jour ou l'autre, ça va mal finir."
"Ce qu'on attend, c'est que le problème soit réglé, et pas déplacé ou camouflé", exige-t-elle.
La présence des travailleuses du sexe inquiète également les parents, dont les enfants s'entraînent sur les terrains de Gerland, à deux pas des camionnettes. "En termes d'hygiène, et puis la vision que cela donne aussi aux enfants, c'est pas la meilleure des choses", souffle Nicolas.
"Ils se posent quand même des questions, pour savoir pourquoi il y a des femmes dans des camions", ajoute-t-il.
"On a besoin de vivre, de survivre"
BFM Lyon est allé à la rencontre d'une de ces femmes, qui travaillent à Gerland. Pour elle, impossible de quitter le quartier.
"On a besoin de vivre. De survivre, plutôt", se défend Maria. "On a des véhicules en règle, on n'est pas dénudées. Pourquoi nous interdire quelque chose qui n'est pas interdit?"
Concernant la présence des enfants et adolescents à proximité, Maria estime qu'il s'agit là de la responsabilité des parents, et non des travailleuses. "Vous savez un enfant, il écoute ce qu'on lui dit. Si on ne lui monte pas la tête à la maison, l'enfant ne sait pas qui on est."
Depuis l'arrêté préfectoral, qui restreint leur activité, de nombreuses femmes ont tout de même choisi, contrairement à Maria, de quitter Gerland. "Il y a d'autres filles qui sont parties dans les campagnes, à droite et à gauche. Elles risquent de se faire agresser à tout moment."
Au-delà des opérations de contrôles, la préfecture du Rhône et la ville de Lyon assurent accompagner les travailleuses du sexe aux côtés d'associations, afin de les aider à sortir de la prostitution.