BFM Lyon
Lyon

Polluants éternels dans le Rhône: du sursis requis en appel contre huit militants écologistes

L'une des banderoles déployées le samedi 2 mars 2024 par des militants entrés dans le site du groupe d'industrie chimique Arkema à Pierre-Bénite (Rhône) pour dénoncer la pollution aux perfluorés

L'une des banderoles déployées le samedi 2 mars 2024 par des militants entrés dans le site du groupe d'industrie chimique Arkema à Pierre-Bénite (Rhône) pour dénoncer la pollution aux perfluorés - Sylvain THIZY © 2019 AFP

Les huit militants s'étaient introduits en mars dernier sur un site du groupe Arkema pour alerter sur les polluants éternels. Ils avaient été relaxés en première instance.

Quatre à six mois de prison avec sursis ont été requis ce mardi 12 février, en appel à Lyon, contre huit militants écologistes qui s'étaient introduits en mars sur un site du groupe chimique Arkema pour alerter sur les polluants éternels.

"En quoi est-ce que la pollution reprochée à Arkema est dénoncée par le fait de s'habiller dans des tenues blanches?", s'est interrogé l'avocat général Vincent Auger, en référence aux combinaisons revêtues par les manifestants lors de leur action coup de poing.

"Généralement, le militantisme et la rigueur juridique ne font pas bon ménage", a-t-il poursuivi en estimant que les huit prévenus n'avaient pas prouvé la "nécessité" d'entrer sur le site pour empêcher un dommage plus grave, seule condition qui permet de ne pas condamner un acte illégal.

Des graffitis et des banderoles

Agés de 23 à 43 ans, ces activistes d'Extinction Rebellion s'étaient introduits en mars avec plusieurs centaines de personnes sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), où elles avaient laissé des graffitis et déployé des banderoles, dont une avec le mot "poison" surmonté d'une tête de mort.

"L'action de ces militants était nécessaire, pertinente et a contribué à révéler ce qui s'est passé et à éveiller les consciences", a plaidé Amid Khallouf, l'un des avocats de la défense, en demandant la relaxe au nom de "la liberté d'expression" de ses clients.

"La liberté d'expression est l'un des droits les plus précieux de l'homme, à condition qu'il n'y ait pas d'abus", a pour sa estimé l'avocate d'Arkema, Bénédicte Graulle, soulignant "le risque d'explosion et la peur des personnels" du site classé Seveso seuil haut.

Des militants relaxés en première instance

Poursuivis pour "participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations", les militants avaient été relaxés lors du procès en première instance en juin. Les juges avaient estimé que les poursuites représentaient "une ingérence disproportionnée dans l'exercice de la liberté d'expression". Le ministère public et l'entreprise Arkema avaient fait appel.

Les PFAS, surnommés polluants éternels car ils sont quasi indestructibles une fois rejetés dans l'environnement, sont des substances chimiques très fréquentes dans les objets de la vie courante, dont certains ont des effets néfastes pour la santé.

La zone industrielle en aval de Lyon, surnommée "la vallée de la chimie", est considérée comme l'une des zones de France les plus polluées aux PFAS, ce qui suscite de fortes préoccupations parmi la population et les élus locaux. La cour d'appel rendra son délibéré le 15 mai.

E.R. avec AFP