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Oullins: le père d'un bébé tué par un chauffard en 2021 confie sa détresse avant l'ouverture du procès

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Cédric Barboyon a perdu sa fille dans un accident de la route en juillet 2021. Alors que le procès de l'accusé débute le 26 février, il confie sa détresse et souhaite que la qualification d'"homicide involontaire" soit repensée dans ce type de drame routier.

Plus de deux ans et demi après le drame, Cédric Barboyon attend des réponses. Au mois de juillet 2021, sa voiture a été violemment percutée par un autre automobiliste, causant la mort de sa fille Talia, âgée à peine de 17 jours.

Devant des photos prises à la naissance de son bébé, le père de famille confie sa détresse. "C'est ma maman avec ma fille... Elle a eu la chance de pouvoir la serrer dans ses bras, mais trop peu de temps. 17 jours c'est trop peu pour faire vivre une personne", déclare-t-il à BFM Lyon.

Le suspect était fortement alcoolisé

Le procès du principal suspect débute le 26 février. Il sera jugé pour homicide involontaire au tribunal de Montpellier. "La personne qui a tué ma fille, elle vit toujours. Alors que ma fille, elle est au cimetière à Oullins", poursuit Cédric.

Il se remémore le jour où la vie de sa famille "a complètement basculé" dans le sud de la France. L'homme qu'il décrit comme un "chauffard", circulait à "plus de 150km/h avec 2,6g d'alcool dans le sang", précise-t-il.

"Il avait fait peur à une vingtaine de voitures avant. Moi j'ai perdu connaissance, je me suis réveillé plusieurs jours après. On m'a annoncé que ma fille Talia était décédée", se remémore-t-il.

Le père de famille, qui a perdu une partie de l'usage d'un de ses bras, enchaîne les rendez-vous chez les docteurs et auprès d'un psychologue afin de tenter de se reconstruire, alors qu'il peine à faire son deuil.

"Il n'a pas fait que la tuer. Il a fait en sorte qu'elle ne grandisse jamais et qu'elle ne puisse jamais exister", déplore-t-il.

Cédric ne comprend pas comment l'assassin de sa fille "fait pour se lever le matin, pour se regarder dans une glace". La qualification d'homicide involontaire, retenue contre le chauffard, n'est pas adaptée selon lui.

Vers la création d'un homicide routier?

"Je souhaiterais que ce soit un homicide volontaire", avance-t-il, estimant que les "faits aggravants" que représentent l'alcool et la vitesse ne sont pas suffisants. "Il a décidé de prendre la voiture, de faire ce qu'il a fait, en son âme et conscience", conclut-il.

Le désarroi de Cédric face aux termes "homicide involontaire" est partagé par de nombreuses familles de victimes d'accidents de la route. Invité de BFM Lyon ce mercredi 12 février, Serge Bensoussan, président de l'association "Et 6 c'était vous", estime que cette qualification juridique n'est pas comprise par les victimes.

Il aimerait que le délit d'"homicide routier" soit créé. Une proposition de loi transpartisane devait être examinée en deuxième lecture à l'Assemblée nationale avant la dissolution en juin dernier.

"On attend notre tour (...). Pour le moment les peines sont les mêmes qu'avant, on aimerait un alourdissement", explique Serge Bensoussan, qui appuie sur le fait que les chauffards à l'origine des accidents sont régulièrement "récidivistes".

Le conducteur mis en cause dans la mort de Talia, âgé de 23 ans à l'époque, encourt jusqu'à 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende si plusieurs circonstances aggravantes sont retenues.

Jade Theerlynck avec Mathias Fleury