"Ne pas oublier la tragédie": il y a 80 ans, les enfants d'Izieu et leurs éducateurs étaient raflés par la Gestapo

Ils s'appelaient Joseph, Georges ou encore Sarah. 44 enfants juifs ont été raflés avec leurs sept éducateurs, eux aussi juifs, le 6 août 1944 à Izieu dans l'Ain. 80 ans plus tard, la maison d'Izieu organise quatre jours de commémoration "pour ne pas oublier la tragédie qui s'est nouée" dans ce lieu, explique Dominique Vidaud, le directeur du mémorial, à BFM Lyon.
Au printemps 1943, Sabine et Miron Zlatin emmènent quelques enfants juifs originaires de l'Hérault dans l'Ain, à la demande du préfet de l'Hérault, qui était engagé pour sauver des enfants de la déportation. La colonie des enfants réfugiés s'installe alors dans une maison située dans le hameau de Lélinaz.
"Ici, vous serez tranquilles", leur assure le sous-préfet de Belley Pierre-Marcel Wiltzer, cité par le site du mémorial d'Izieu.
Une seule survivante
Pendant plusieurs mois, le quotidien des enfants est rythmé par leurs heures de cours dispensées au premier étage de la maison, l'écriture de lettres à leurs proches et les baignades dans le Rhône.
Mais le 6 avril 1944, premier jour des vacances de Pâques, alors qu'ils prennent leur petit-déjeuner, les 44 enfants juifs qui se trouvent dans la maison sont raflés, avec leurs sept éducateurs, par la Gestapo de Lyon, sur ordre de Klaus Barbie.
"Seul Léon Reifman (un éducateur, NDLR), alerté par sa sœur, parvient à s’enfuir en sautant d’une fenêtre. Les fermiers voisins, les Perticoz, l’aident ensuite à se cacher", précise le mémorial.
Miron Zlatin et deux adolescents sont déportés et fusillés au camp de Reval en Estonie. Les 42 autres enfants et cinq adultes sont exterminés à Auschwitz-Birkenau en Pologne. Seule une éducatrice, Léa Feldblum, parvient à survivre.
Les portraits des enfants affichés dans les dortoirs
De leur passage dans la maison d'Izieu, il ne reste que des dessins, des courriers, et leurs portraits affichés dans la pièce qui leur servait de dortoir, volontairement laissée vide de meubles.
"Les scénographes en 1994 n'ont pas voulu trahir la réalité et ont préféré faire éprouver aux visiteurs l'absence des enfants, le vide qu'ils ont laissé. Donc il n'y a que les portraits des enfants, parce que ça c'était important, que les enfants aient un lieu de sépulture en quelques sortes, qu'ils n'ont pas eu à Auschwitz", avance Dominique Vidaud.
Quatre jours de commémorations des 80 ans de la rafle sont organisés du 4 au 7 avril à la maison d'Izieu. Quelques anciens enfants réfugiés dans ce lieu avant la rafle y participeront, comme Roger Wolman. Emmanuel Macron se rendra aussi au musée inauguré il y a 30 ans dimanche après-midi.