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"Ne laissez pas mourir la Presqu’île!": le coup de gueule du chef Fabrice Bonnot sur la ZTL à Lyon

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Le chef lyonnais Fabrice Bonnot alerte face à la situation de "détresse" que traversent les commerçants et restaurateurs de la Presqu’île de Lyon face au projet de Zone à trafic limité, qui doit entrer en vigueur en juin.

C'est "un cri d’alarme des commerçants pour la survie du centre-ville" de Lyon que pousse le chef Fabrice Bonnot jeudi 6 février. Au lendemain de la présentation par la Métropole des contours de la future Zone à trafic limité (ZTL) sur la Presqu'île, les professionnels du secteur s'inquiètent des conséquences du projet pour leur activité.

"J’ai vu ce quartier évoluer, s’adapter, se réinventer. Mais aujourd’hui, la situation est inédite et alarmante: la Presqu’île est asphyxiée", écrit dans un post Facebook celui qui détient depuis 20 ans le restaurant "Cuisine et Dépendances" dans le quartier d'Ainay.

"Les commerces, tous secteurs confondus, sont en souffrance. La restauration, pilier de l’identité lyonnaise, est plus que jamais fragilisée. La fréquentation est en chute libre, les clients désertent le centre-ville, et nous, commerçants et restaurateurs indépendants, nous retrouvons totalement livrés à nous-mêmes" poursuit-il.

En tant que président de l’association des commerçants du Quartier Charité-Bellecour, Fabrice Bonnot évoque "une question de survie" au moment d'appeler à agir contre "des décisions imposées sans concertation", "sans anticipation et sans la moindre mesure d’accompagnement".

"Un désastre pour la Presqu'île"

Selon lui, la mise en place de la future ZTL, prévue en juin 2025 du bas des pentes de la Croix-Rousse à la place Bellecour, est "un désastre". Les objectifs égrenés par la majorité écologiste sont pourtant multiples: "réduire le trafic", "améliorer la sécurité et la santé", "renforcer le dynamisme économique et l’attractivité, "embellir la ville".

La carte de la future Zone à trafic limitée (ZTL) à Lyon.
La carte de la future Zone à trafic limitée (ZTL) à Lyon. © Métropole de Lyon

Mais les travaux, l'absence d'aménagements alternatifs pour le stationnement, le manque d'incitations à prendre les transports en commun et les temps d'accès interminables sont à l'origine "une désertification inquiétante" de la zone pour le chef. "Les badauds passent, mais ne consomment pas. Nos commerces sont en détresse", détaille-t-il, allant même jusqu'à décrire la rue de la Charité, où il travaille dans le 2e arrondissement de la capitale des Gaules, comme "une rue fantôme".

"Nous lançons un appel fort aux décideurs : ne laissez pas mourir la Presqu’île ! Engageons un vrai dialogue et trouvons ensemble les solutions pour préserver ce qui fait l’âme de notre ville", implore Fabrice Bonnot, donnant au passage plusieurs pistes de réflexion.

"Nous demandons immédiatement une communication d’urgence sur l’accessibilité du centre-ville pour stopper l’hémorragie et redonner confiance aux clients", suggère-t-il notamment.

Membre des Toques Blanches Lyonnaises, il réclame enfin "la mise en place de parkings relais et de navettes gratuites pour fluidifier les flux", 'une révision des critères de circulation" ou encore "un plan d’animation ambitieux et des événements d’ampleur nationale pour faire revenir Lyonnais et visiteurs en Presqu’île".

Des enjeux pour la Presqu'île

Ce coup de gueule du chef lyonnais met en lumière les craintes des commerçants, portées aussi par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Lyon Métropole-Saint-Étienne-Roanne concernant la Presqu'île.

"C'est l'un des deux grands pôles commerciaux de la région", soulignait sur BFM Lyon cette semaine Régis Poly, vice-président en charge du commerce à la CCI.

Même s'il demande à "aller plus loin", il salue le fait d'avoir été concerté sur le projet et note que la métropole a effectué "quelques ajustements" lors de sa présentation de mercredi par rapport au projet initial.

"On avait alerté très tôt sur des contraintes et des restrictions trop fortes pour une partie des acteurs économiques de la Presqu'île. On a vu une petite amélioration sur le matin pour la logistique car avant, c'était plus court que cela", a-t-il expliqué. Les livraisons classiques pourront finalement être conduites entre 6 heures et 13 heures, moment où les bornes d'accès à la ZTL seront abaissées.

Gabriel Joly