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Mort de Jean Moulin: un historien réfute la thèse présentée par Klaus Barbie d'un suicide du résistant

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Dans de nouveaux enregistrements inédits révélés par l'université américaine de Stanford, Klaus Barbie affirme que Jean Moulin n'a pas été torturé et s'est suicidé.

"La responsabilité morale et physique de la mort de Jean Moulin, c'est celle de Klaus Barbie". Stéphane Nivet, historien lyonnais, était invité sur le plateau de BFM Lyon, ce mardi 6 mai, pour parler des enregistrements de Klaus Barbie révélés par l'université américaine de Stanford et parus dans la dernière édition de La Tribune dimanche.

Dans ces enregistrements, réalisés en 1979 alors qu'il était exilé en Bolivie, le "boucher de Lyon" revient sur la mort de Jean Moulin et assure qu'il n'a pas torturé ce dernier, mais qu'il s'est suicidé.

"Les gardiens n'ont pas fait attention"

"En prison, nous avions une cave en bas. C'est là que Jean Moulin a fait une tentative de suicide. Il était certes attaché par les mains mais je ne l'avais pas fait attacher par les pieds. Je n'y ai pas pensé", assurait Klaus Barbie.

"Les gardiens n'ont pas fait attention. Il prenait de l'élan et entrait avec la tête dans le mur et s'ouvrait le crâne. (...) C'est pour ça qu'il est mort, puis il a été transporté à Francfort et il est mort pendant le transport. Ils l'ont enterré, avec un numéro, dans un cimetière à Paris. Mais je n'ai rien su de tout cela! Je l'ai appris en 1965", avait-il ajouté.

Une thèse mensongère

Selon Stéphane Nivet, cette version, que Klaus Barbie a lui-même contredite dans d'autres enregistrements, n'est pas plausible.

"Ce que dit Barbie ne résiste pas à l'analyse des faits. On a de nombreux témoignages sur ce qui se passait rue Bertelot", affirme Stéphane Nivet. "L'état dans lequel Moulin s'est retrouvé quand il est envoyé à Paris, c'est quelqu'un qui est à demi mort et un homme seul ne peut pas se faire ce type de blessures", continue-t-il.

"La responsabilité morale et physique de la mort de Jean Moulin, c'est celle de Klaus Barbie", réaffirme l'historien.

Pour ce qui est de la torture, que Klaus Barbie nie avoir exercée sur Jean Moulin, cette version est contredite par les échanges de l'époque.

"Les supérieurs de Barbie vont demander que (Jean Moulin) soit ramené à Paris. Découvrant l'état dans lequel il se trouve, Barbie se fait reprocher l'état dans lequel il a mis Moulin, parce qu'il est plus capable de parler", conclut Stéphane Nivet.

Quatre ans après cet entretien inédit, Klaus Barbie est extradé en France. Il est jugé coupable en 1987 de crimes contre l'humanité et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il mourra en prison en 1991.

Pauline Lecouvé