"Mieux vaut ce toit que la rue": 80 occupants d'un immeuble insalubre menacés d'expulsion à Lyon

Environ 80 personnes sans domicile fixe, en majorité des femmes et enfants, vivent dans un immeuble insalubre à Lyon. Ils sont menacés d'expulsion par le propriétaire du bâtiment.

Depuis une semaine, 80 personnes sans-abri vivent dans un immeuble jugé insalubre. Les occupants sont principalement des femmes, dont certaines enceintes, et des enfants.

"Un toit, un droit", est-il tagué à droite de la porte d'entrée du logement situé dans le 9e arrondissement de Lyon. Dans un des appartements, 17 personnes cohabitent. "Là mon petit frère dort, là c'est nous, ma soeur, moi, maman et mon père", rapporte un enfant désignant quatre lits simples dont trois sont collés ensemble sur le sol.

Les locaux sont vétustes. L'eau et l'électricité sont néanmoins disponibles. Des matelas ont été fournis par le 115 et des associations apportent de la nourriture. "Dans cet appartement, comme c'est un peu grand on est à quatre familles, on se débrouille. Mieux vaut ce toit que la rue", résume un mère qui y réside.

"On a souffert de rester dehors longtemps avec les enfants, c'est très compliqué, poursuit une seconde, qui évoque des maladies et viols. Quand nous sommes ici, nous sommes sauvés."

Pour autant, la situation est loin d'être confortable pour ces familles. L'expulsion, demandée par Grand Lyon Habitat qui est le propriétaire du bâtiment, les menace à tout moment.

"C'est normal ça?"

Parmi les occupants, les enfants d'une famille italienne disent peiner à trouver le sommeil. Le grand frère de la fratrie, âgée de 10 ans, déplore l'état de santé et les traumatismes de ses sœurs. "Parfois, elle me dit qu'elle a peur que la police vienne, elle fait même pipi au lit" raconte-t-il, évoquant également sa petite sœur "très" malade.

"Est-ce qu'on doit la faire sortir dehors dans le froid sous la pluie? C'est normal ça? La France, c'est quoi? C'est un pays de liberté, d'égalité et de fraternité. Comment on peut faire ça?", s'interroge-t-il.

Pour sortir de l'impasse, les familles demandent l'aide de la collectivité pour être hébergées de manière pérenne. Dans l'attente de ce logement, les occupants espèrent pouvoir rester dans cet immeuble.

Arthus Vaillant