Lyon: à l'école élémentaire Louis-Lumière, les parents d'élèves mobilisés contre le manque d'AESH
L'inquiétude est de mise à l'école élémentaire Louis-Lumière. Depuis la rentrée des classes, cet établissement du 8e arrondissement de Lyon souffre d'un manque d'AESH, quatre au total. Ces personnels sont chargés d'accompagner les élèves en situation de handicap à l'école.
En leur absence, les enseignants de l'établissement lyonnais doivent s'organiser. Pour l'heure, ils mutualisent leurs heures pour assurer les cours de la classe Ulis (Unités localisées pour l'inclusion scolaire, NDLR), laquelle comporte huit élèves.
Mais la situation ne sera pas tenable longtemps. Réunis devant l'école élémentaire Louis-Lumière ce lundi matin, une dizaine de parents d'élèves tirent la sonnette d'alarme.
"Les autres élèves ne peuvent pas être pris en charge"
"L'enseignante spécialisée qui est amenée à gérer cette situation-là, majoritairement seule, se retrouve en difficulté, parce que si elle prend en charge un enfant qui est dans un accès de détresse ou de trop grande émotion, pendant ce temps-là, les autres enfants ne peuvent pas être pris en charge", fait remarquer la maman d'un élève au micro de BFM Lyon.
"Et de toute façon, l'entrée dans les apprentissages est vraiment compromise pour ces enfants-là", s'exaspère-t-elle.
De son côté, l'Inspection académique assure être en attente de création de postes pour pallier les manques. En attendant, les élèves en situation de handicap souffrent.
"Des crises de hurlement"
Stéphanie Fernandez est mère d'un enfant de 4 ans. Depuis la rentrée, il se sent isolé dans sa classe. "On l'a récupéré le premier jour à midi et, depuis, c'est des crises de hurlements pour ne plus aller à l'école parce qu'il sent bien qu'il n'y a personne pour s'occuper de lui et c'est compliqué", témoigne-t-elle.
Cédric Chaubeau, un autre parent d'élève, confirme: son fils est "angoissé", même si "globalement, ça va".
"Il ne fait pas des crises à se mettre en danger. Ça, c'est plutôt un point très positif. Après, on regrette juste que le dispositif ne puisse pas être dans le mode de fonctionnement acceptable", poursuit l'intéressé.
L'homme ne "peut pas imaginer" être "abandonné" par l'Éducation nationale. Il se veut optimiste: "Je pense qu'ils vont trouver des solutions. Et, de toute façon, il y a la loi. Donc, après, ça se réglera au niveau de la loi".
Vers une concertation?
La mairie du 8e arrondissement de Lyon a été informée de la dégradation des conditions d'enseignement à l'école élémentaire Louis-Lumière. Les élus de l'arrondissement déplorent un manque d'anticipation de l'Inspection académique.
Patrick Odiard est l'un d'eux. L'adjoint en charge de l'éducation et de la vie scolaire entend rassembler les représentants de tous les arrondissements de Lyon dans les prochains jours. Objectif de cette concertation: recenser le nombre d'AESH manquant à l'appel et notifier l'Inspection académique.
Car le 8e arrondissement de Lyon n'est pas seul à affronter cette crise. Invité sur le plateau de BFM Lyon le 13 septembre, Frédéric Volle, le secrétaire général de SNUDI-FO Rhône, annonçait le lancement d'une "enquête", "puisque, de notre point de vue, une grande partie des écoles sont concernées par le manque d'AESH".
Les engagements de Gabriel Attal
Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation nationale, se dit conscient de la gravité de la situation. Si bien que l'un des engagements du nouveau locataire de la rue de Grenelle est le recrutement de quelque 6500 AESH.
Ce total sera-t-il suffisant, alors que la Défenseure des droits a récemment pointé le manque de personnel assurant la prise en charge des enfants en situation de handicap? Selon l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), sur les 7949 enfants accompagnés par une des associations de ce mouvement, environ 18% ne bénéficient d'aucune heure de scolarisation par semaine.
À l'avenir, les AESH seront par ailleurs payés "10 à 13% de plus qu'à la rentrée dernière", a précisé Gabriel Attal, eux qui ont dénoncé ces derniers mois leurs conditions de travail et leurs maigres salaires. Le ministre a également réaffirmé l'objectif d'une classe Ulis par collège d'ici à 2027.