Le père Ribes "effacé de la postérité": le soulagement des victimes du prêtre, après le retrait de ses vitraux

Une église aux fenêtres nues. Sans vitraux. Le village de Sainte-Catherine vient de retirer les huit vitraux réalisés par Louis Ribes, ce prêtre accusé d'actes pédocriminels, aux dizaines de victimes. Ils avaient orné l'édifice religieux dans les années 70.
"Ce sont les évêques qui ont pris cette décision après avoir pris connaissance des témoignages des deux premières victimes, qui étaient concordants et qui montraient bien que les agressions sexuelles étaient concomitantes à la réalisation des œuvres," explique Christophe Ravinet, responsable communication extérieure du diocèse de Lyon.

Un "aboutissement" des demandes des victimes
Pour les victimes, voir ces œuvres, c'est revivre certaines scènes traumatisantes de leur enfance. Il y a bientôt deux ans, alors que la parole se libérait, elles avaient demandé le retrait de toutes les réalisations de Louis Ribes. Cela avait été chose faite pour les tableaux. Pour les vitraux, l'opération a été plus longue.
"Ça reste une souffrance pour moi de voir ces productions. Pour moi, elles représentent forcément des viols, des agressions sexuelles. Ces vitraux remontent au moment où j'étais sa victime", raconte Luc Gemet, l'une des victimes du prêtre pédocriminel.
Sur l'un des vitraux de Sainte-Catherine par exemple, un enfant est agenouillé près d'un homme d'Église. La scène est ambiguë quand on sait que 49 enfants ont été abusés dans l'atelier du prêtre.
"Cette dépose et le fait que cette personne soit effacée de la postérité est importante", appuie Patrick, une autre victime.
"C'est un sacré soulagement. C'est quelque chose que l'on demandait depuis janvier 2022, précise Annick Moulin, elle aussi victime. Là, on arrive à l'aboutissement de ce que l'on avait demandé, de ce que l'ensemble des victimes avait demandé."
La commune de Givors opposée au retrait
Ce décrochage est le deuxième obtenu en deux ans de combat. Jeudi 3 août, les vitraux de Louis Ribes dans l'église de Dième avaient été retirés. Certains sont encore exposés dans quatre communes du Rhône. Toutes ont accepté de les retirer dans les prochains mois. Sauf une. Le maire de Givors y est encore et toujours opposé. Pour les victimes, cette position est intenable.
"Cela donne l'impression que la pédocriminalité est encore exposée. Il est temps qu'il change d'avis, sachant que ça ne coûte rien à la commune. C'est le diocèse qui paye", réagit Luc Gemet.
Le maire de Givors s'était engagé à échanger avec le Ddocèse à l'automne. La rencontre n'a pas toujours pas eu lieu.