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"Le nom est sali": le combat des viticulteurs pour débaptiser la centrale nucléaire du Bugey

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Dans l'Ain, les viticulteurs du Bugey se disent en colère contre la centrale nucléaire, qui porte le même nom que leur appellation contrôlée. Ils demandent qu'elle soit débaptisée en raison de l'atteinte présumée portée à l'image de leur vin.

Une terre vallonnée, du soleil, une culture bio et une appellation d'origine contrôlée (AOC). Dans la région du Bugey, tous les ingrédients sont réunis pour que les viticulteurs produisent du bon vin. Seulement, alors que la centrale nucléaire du même nom a dépassé les 50 années de service, les vignerons craignent un incident qui pourrait avoir des conséquences sur l'image de leurs vins.

"Tout le temps, les gens nous disent 'Bugey, vous n'avez pas un problème avec la centrale'", souligne Stéphane Trichon, vice-président du syndicat des vins du Bugey. "Aujourd'hui, si, par malheur, il arrive un problème, le nom Bugey est sali."

"Aucune conséquence" pour la centrale

Pour éviter tout impact sur leur réputation, les viticulteurs appellent ainsi à débaptiser la centrale nucléaire. Un combat que Stéphane Trichon et les 120 producteurs derrière l'AOC mènent depuis plusieurs années.

"La démarche du syndicat est de ne demander aucune indemnité en compensation", soutient-il estimant qu'un changement de nom n'aurait aucune conséquence financière pour la centrale.

"Je pense que si la centrale du Bugey ne s'appelle plus centrale du Bugey, le kilowatt-heure ne sera pas vendu plus ou moins cher que si elle s'appelle EPR de la plaine de l'Ain ou EPR n°22."

EDF assigné en justice

Les habitants des communes aux alentours se disent favorables à un changement de nom. "Je suis tout à fait d'accord", confirme Marie-Hélène, âgée de 60 ans et habitante de Morestel. D'autant "qu'actuellement, c'est déjà très compliqué pour les vignerons", souffle-t-elle.

"Un vin, c'est un terroir. Donc lui il a plus à perdre, je peux le comprendre à ce niveau-là. La centrale n'a rien à perdre puisque de toute manière, elle fournit, c'est national", complète Lionel, habitant de Morestel. "Pour moi, ça a du sens que ce soit la commune qui débaptise plutôt que le vin."

Après plusieurs tentatives de négociations, le syndicat des vins a finalement assigné EDF en justice pour rebaptiser la centrale du Bugey.

Maeva Commecy