"La présence policière ne sert à rien": à Villeurbanne, les habitants du Tonkin toujours confrontés au trafic de drogue

Une dizaine de mètres séparent les enfants des guetteurs. Dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne (Rhône), les habitants doivent encore composer avec les dealers. Quelques mois après les fusillades qui ont éclaté dans le quartier pour des affaires de stupéfiants et malgré une présence policière renforcée, les riverains constatent que le problème stagne.
"Je ne vois pas un grand écart. On voit plus de policiers qui tournent, vous dire si ça change tout, je ne suis pas certaine", confie Sophie devant l'école Nigritelle Noire au micro de BFM Lyon.
"La présence policière ne sert à rien"
C'est précisément devant cette école qu'une fusillade avait éclaté en novembre dernier. À l'époque, certains parents d'élèves décrivaient des enfants "traumatisés" et craignaient pour leur vie.
Dans les rues du quartier aujourd'hui, les forces de l'ordres déambulent pour tenter d'endiguer le problème. Mais leur action ne semble pas rassurer d'autres riverains.
"La présence policière ne sert à rien. Ils les interpellent, les emmènent au commissariat, prennent les identités et deux heures après ils sont là", lance à son tour Ludovic.
Et d'ajouter: "Et pendant le temps qu'ils sont au commissariat, une autre équipe est sur place".
Une grand-mère se souvient aussi être tombée sur des guetteurs "en allant chercher ma petite-fille à l'école".
La préfecture vante ses renforts
De son côté, la préfecture assure avoir renforcé conséquemment les effectifs sur place.
"La PNSR, une CRS qui est là en permanence. Il y aussi la CRS 83 qui agit aussi au Tonkin mais pas seulement. Il y a toujours une très grande présence", indiquait mardi 13 février, Fabienne Buccio, préfète du Rhône, sur BFM Lyon.
Dans la ville, en l'espace de trois ans, les effectifs policiers sont passés de 30 à 50. Et le nombre de caméras de surveillance a été multiplié par deux dans le quartier du Tonkin.
Après la série de fusillades à la fin de l'année 2023, le maire de la ville, Cédric Van Styvandael (PS) avait lancé un appel à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur.
"Le Tonkin doit être classé en quartier de reconquête républicaine, on ne doit pas attendre qu'il y ait un mort", affirmait-il en novembre dernier. Trois fusillades s'étaient produites en quelques jours dans le quartier.
Excédés, plusieurs riverains du collectif "Tonkin Paix-sible" s'étaient à l'époque filmés en train de défiler avec une banderole et partir eux-mêmes déloger des dealers assis en bas de barres d'immeubles de leur quartier.
"Les trafiquants s'approprient les halls, cassent les sécurités des portes", témoignait l'un d'eux.
Les habitants continuent de rencontrer la préfecture du Rhône et espèrent des solutions long terme pour le quartier.