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Isère: à Pont-de-Chéruy, 6.000 habitants mais plus aucun médecin généraliste

Un médecin généraliste (illustration)

Un médecin généraliste (illustration) - -

La commune est touchée de plein fouet par la désertification médicale. Le dernier praticien est parti à la retraite en ce début d'année sans qu'un remplaçant n'ait été trouvé.

Après Septème, Pont-de-Chéruy, un nouvel exemple de la désertification médicale. Depuis le départ à la retraite de son dernier médecin généraliste, début 2025, cette commune de l'Isère ne compte plus aucun praticien. Ses quelque 6.000 habitants sont aujourd'hui contraints d'accumuler les kilomètres pour obtenir une consultation.

"Il faut qu'on aille sur Bourgoin, à l'hôpital de Bourgoin. Et moi qui suis originaire de Caluire, je me rabats sur la Protestante (une clinique, NDLR) ou sur l'hôpital de la Croix-Rousse", relate Joseph au micro de BFM Lyon. "Ça fait loin, quoi", complète Marie-Claude.

Valérie, 52 ans, estime que cette absence de praticien dans la commune complique grandement la tâche pour les personnes âgées. "Quand il n'y a plus de docteur, on est obligés d'appeler les pompiers ou le 15 et d'aller aux urgences", déplore-t-elle.

"Là-haut, on ne nous écoute pas trop"

Dans ce contexte de dégradation de l'offre médicale, certains généralistes basés autour de Pont-de-Chéruy ont accepté de prendre en charge de nouveaux patients. Une solution fonctionnelle seulement à très court terme.

"Aujourd'hui, les médecins qui sont aux alentours ne peuvent plus prendre de nouveaux patients", observe Franck Bron, maire divers droite de Pont-de-Chéruy. "J'ai l'impression que là-haut, on ne nous écoute pas trop. On n'anticipe pas. C'est le travail de l'État. Mais quand on voit la désertification dans les hôpitaux, qu'on coupe des lits, qu'on coupe des médecins, ça a une répercussion chez nous."

Aujourd'hui, la municipalité cherche activement un remplaçant au médecin néo-retraité. Pendant ce temps, un pharmacien et ses assistants prévoient d'agrandir la maison de santé.

Une tendance nationale et régionale

Le cas de Pont-de-Chéruy est loin d'être isolé. En 2022, l'Insee estimait que 15% des Français vivaient dans une commune sous-dotée en termes de médecins généralistes. Un chiffre identique à celui constaté en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la région, la tendance est à la hausse. On comptait 12% de communes sous-dotés en 2015.

Seulement 37% des habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes sont considérés comme bien dotés en médecins généralistes. Soit 11 points de moins par rapport à 2015.

L'Ain est le département de la région le plus en tension, avec 2,7 consultations en moyenne par habitant chaque année. L'Ardèche (3,1), l'Allier (3,1), le Rhône (4) et la Savoie (4,3) sont par exemple mieux lotis.

La dynamique ne devrait pas s'infléchir dans un avenir immédiat. Les effets de la fin du numerus clausus ne sont pas attendus avant 2035.

Raphaëlle Simonnot, Adel Abderrahim et Hugo Caprioli, avec Florian Bouhot