"Ils étaient à cinq devant nous": le témoignage de deux victimes d'une agression de l'ultradroite lyonnaise

Lyon, théâtre d'une violente agression au couteau à caractère raciste? Les faits ont eu lieu dans la nuit du 1er février à la sortie d'une boîte nuit, le Boston, dans le 1er arrondissement de Lyon. Trois jeunes hommes se sont retrouvés cette nuit-là face à un groupe d'individus dans la rue se situant entre la place des Terreaux et celle de l'Opéra.
"Ils étaient cinq devant nous. On arrivait à trois et c'est l'élément principal qui est venu totalement face à mon ami, qui a commencé à le menacer, à sortir des insultes raciales envers nous", explique l'une des victimes de l'agression au couteau, au micro de BFM Lyon.
"C'est là que c'est parti (...), 'sale arabe', et comme moi j'étais en sang et que je me dirigeais vers le commissariat, j'ai entendu 'on a bien fait le ménage'. Je ne pense pas qu'ils parlaient d'un ménage sur le sol", poursuit ce dernier.
Plusieurs heures au bloc opératoire
Les victimes ont été ciblées par plusieurs coups de couteau, à la poitrine et au visage. Deux souffrent de blessures légères, alors que la troisième est restée cinq heures au bloc opératoire. Une artère du crâne a été touchée et la partie supérieure droite de son visage est aujourd'hui paralysée.
Les victimes préfèrent rester anonymes lors de ces témoignages, par peur des représailles. "Dans la rue, je ne me sens pas en sécurité. Je ne voulais même pas être là aujourd'hui, mais je me suis dit qu'il fallait que j'affronte ma peur, que je vienne sur place pour me confronter au lieu où ça s'est passé", confie une seconde victime sur notre antenne.
Six jours après les faits, le choc est toujours présent dans l'esprit des jeunes hommes rencontrés. "L'appréhension, le stress constant, les tremblements", détaille l'un d'eux.
"Se réveiller toutes les heures pendant son sommeil, c'est dur à vivre. Avoir l'impression d'être dans une flaque de sang, que ses plaies s'ouvrent", rajoute une autre victime.
"Je ne suis pas dans cette guerre et je ne le serai jamais"
Les auteurs des coups ont été rapidement interpellés par les forces de l'ordre. L'un d'eux a par ailleurs été reconnu comme ayant été porte-parole des Remparts, un groupuscule identitaire lyonnais connu pour ses actions violentes. Contrairement à ce que nous avions précédemment indiqué, il ne fait toutefois plus partie des Remparts depuis septembre dernier.
"On sent surtout de l'incompréhension, qui se transforme malheureusement en colère. Je pense que beaucoup de personnes se rallient à des mouvements de cette façon. Moi, ce n'est pas mon cas, je ne suis pas dans cette guerre et je ne le serai jamais", explique l'un des jeunes hommes agressés.
"Ça ne me regarde pas, je suis juste un citoyen honnête, qui veut travailler tranquillement malgré le fait que je sois basané. Je ne peux rien y faire", conclut enfin l'une des victimes de l'agression.
Cette agression pose une nouvelle fois la question de la dissolution des Remparts. En attendant, les deux agresseurs présumés seront jugés ce mardi 6 février dans l'après-midi en comparution immédiate à Lyon. Les familles de victimes attendent aujourd'hui que justice soit rendue.