"Dialoguer avec un bouleau ou un coquelicot": une formation "inter-espèces" pour les agents municipaux critiquée à Lyon

L'Hôtel de Ville de Lyon (premier plan) avec la cathédrale de Fourvière (second plan). - FRED DUFOUR / AFP
"Je pense avoir l'esprit ouvert et comprendre qu'à titre individuel, vous ayez envie de dialoguer avec un bouleau pleureur ou une ourse brune". À l'heure où les budgets municipaux se serrent la ceinture, la droite lyonnaise a dénoncé, le 12 décembre dernier lors du conseil municipal, une enveloppe de 3.000 euros allouée à la formation d'une vingtaine d'agents au "dialogue inter-espèces au travers d'un jeu de rôle".
Au programme, une animation, donnée par l'association Lichen dont les "premiers membres" sont un "bouleau pleureur", un "coquelicot", un "jardin-mousse" ou le "mycélium", énumère, hilare, l’élue (LR) Laurence Croizier.
"Tous ces membres à part entière de cette association, qui, je vous rassure, comporte aussi quelques vivants humains, étaient-ils indispensables pour la formation de nos agents?", interroge cette dernière.
"Une dépense mesurée"
Pourtant, du côté des écologistes à la tête de la ville de Lyon, on assure par la voix de l'adjoint en charge de la biodiversité, Gautier Chapuis, que cette enveloppe est "une dépense mesurée pour former des agents à des techniques innovantes".
Une formation, permettant ainsi aux agents d'"apprendre à considérer des points de vue différents, faire preuve d’empathie, et inclure toutes les sensibilités", assure l'élu écologiste sur X.
"Je suis vraiment désolée que vous ne goûtiez pas à la qualité de cette formation, qui montre que vous êtes dans une forme de déni sur les enjeux auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés", ajoutait Chloë Vidal, adjointe au maire de Lyon chargée de la démocratie locale, lors du conseil municipal.
"On ne doit pas habiter dans le même pays, ni la même ville"
Une justification, qui intervient en partie sur les réseaux sociaux six jours après le conseil municipal, et qui ne convaincra pas les oppositions, de droite et macroniste.
"Sous prétexte que vous estimez que la ville n'a pas de problème d'argent pour le budget participatif, [que] vous dépensez sans compter (…) auprès de cette association pour la formation de nos agents, ce n'est clairement pas possible", taclait Laurence Croizier, conseillère municipale (LR) du 6e arrondissement.
Pour Georges Képénékian, opposition et municipalité ne doivent "pas habiter dans le même pays, ni la même ville". L'ancien maire de Lyon poursuit: "Vous commencez par nous expliquer que les risques de contraintes budgétaires planaient sur notre cité, c'est le bouzin. Même si on a raison, rechoisissons nos priorités", réclame-t-il.
Le maire (LR) du 2e arrondissement, Pierre Oliver, a quant à lui dénoncé une idée "ridicule" et une preuve du "gaspillage de l'argent public".