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Des conditions de vie "indignes": la justice examine une demande de fermeture d'un centre de rétention administrative à Lyon

Le centre de rétention situé à proximité de l'aéroport de Lyon (Photo d'illustration).

Le centre de rétention situé à proximité de l'aéroport de Lyon (Photo d'illustration). - JEFF PACHOUD / AFP

Après une visite, l'Ordre des avocats avait alerté sur des conditions de vies indignes: problèmes d'accès aux soins, à la nutrition, points d'eau hors-service, lits sans matelas...

"Il est temps d'intervenir". La justice administrative à Lyon examine ce lundi 21 octobre un référé-liberté du barreau local demandant la fermeture, pour conditions de vie "indignes", d'un centre de rétention administrative situé près de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

"Le constat fait que ça ne s'améliore pas et que c'est de pire en pire", dans ce centre dit CRA2 ouvert en 2022, résume pour l'AFP la vice-bâtonnière Sara Kebir, qui sera présente à l'audience à Lyon.

Problème d'accès aux soins, à la nutrition...

Dans ce CRA où la dernière visite de l'Ordre des avocats remonte à février, elle cite entre autres des "problèmes d'accès nutritionnel ou d'accès aux soins" auxquels font face les personnes retenues, mais aussi d'intimité, comme "l'impossibilité d'aller aux toilettes en fermant une porte".

"Nous demandons la fermeture du CRA dans l'attente de sa mise aux normes. Et si le tribunal n'y fait pas droit, qu'il enjoigne au ministre de l'Intérieur de mettre en place les mesures nécessaires pour faire cesser les atteintes aux libertés fondamentales", dit-elle.

Projet pilote d'un coût de 25 millions d'euros et d'une capacité de 140 places, le CRA2 a ouvert en janvier 2022 à proximité d'un premier centre dit CRA1, situé aussi près de l'aéroport lyonnais, montant la capacité totale des deux unités à 280 places.

En France, les personnes retenues dans les CRA, souvent sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) ou pour autre motif administratif, le sont aujourd'hui pour une durée maximale de 90 jours.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, souhaiterait toutefois l'étendre à 210 jours pour les étrangers "dangereux" dans une nouvelle loi immigration, ce qui n'est pour le moment possible que pour les infractions terroristes.

Des conditions de vie "déshumanisées"

En 2023, l'ex-bâtonnière de Lyon Marie-Josèphe Laurent et le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus avaient alerté sur le "climat de violences inacceptables" au CRA2, généré par des "conditions de vie complètement déshumanisées".

La même année, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) Dominique Simonnot avait fait état de "dysfonctionnements graves" en son sein.

Espaces de vie sans ouverture ni éclairage naturel, grillages et portes blindées omniprésents, pièces de mise à l'écart sales, points d'eau hors-service, lits sans matelas: elle avait ainsi formulé des recommandations à la Première ministre de l'époque, Elisabeth Borne, alertant sur les "conditions indignes" dans lesquelles étaient retenus les étrangers.

"Aujourd'hui, il est temps pour les bâtonniers d'intervenir, car les retenus, eux, n'en ont pas la capacité", confie Me Kebir, affirmant qu'aucune des recommandations n'a été prise en compte.

M.Re avec AFP