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Décines-Charpieu: ce qui est reproché au groupe scolaire privé musulman Al-Kindi, menacé d'une perte de subventions

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Le groupe scolaire privé et musulman Al-Kindi, près de Lyon, est sous la menace d'une perte de ses subventions par l'Etat. De nombreux griefs lui sont reprochés, comme l'importance de références prônant le terrorisme. Une réunion de la commission académique de concertation est prévue le jeudi 12 décembre.

Le groupe scolaire privé et musulman Al-Kindi, situé à Décines-Charpieu près de Lyon, risque de perdre ses subventions, a appris BFM Lyon auprès de l'établissement. Une procédure de résiliation de ses contrats d'associations avec l'État est envisagée par la préfète du Rhône en ce début du mois de décembre.

Une réunion de la commission académique de concertation est prévue jeudi 12 décembre, en présence d'une dizaine d'acteurs, pour statuer sur la décision et la possible fin de son contrat d'association, a confirmé la préfecture. Une procédure contradictoire régie par le code de l'éducation, qui peut prendre plusieurs semaines.

Qu'est-ce qui est reproché à l'établissement? Selon des sources proches du dossier auprès de BFM Lyon, trois griefs principaux seraient en cause.

Des livres "problématiques" au CDI

Plusieurs livres jugés "problématiques" ont été retrouvés au sein du CDI de l'établissement. Parmi eux, "La voie du musulman" de Abu Bakr Al-Jazairi, "Boulough Al maram ("La réalisation du but") de Ibn Hajar al-‘Asqalâni ou encore "Droits et devoirs de la femme en Islam" de Fatima Naseef.

Dans ces livres, sont prônés le djihad violent, la supériorité des musulmans, la promotion de la charia, le rôle de la femme selon la religion ou encore l'opposition à l'homosexualité. Certains de ses livres seraient même cités dans le magazine de l'Etat islamique.

De plus, l'enseignant et youtubeur Siddiq, qui assure les cours de culture de l'islam, aurait pris la défense sur sa chaîne YouTube d'imams expulsés notamment celle de Luqman Haider, qui officiait à la mosquée Quba dans le Val d'Oise. Ce dernier a été condamné à 18 mois de prison pour apologie du terrorisme.

Non-respect des obligations pédagogiques

Des passages dans le règlement intérieur posent également question: "les élèves de sexe féminin doivent avoir des tenues, haut blanc, jupe longue ou pantalon noir, pas de haut moulant ni transparent, le maquillage ou assimilé non admis", est-il notamment inscrit.

Le nombre d'heures par matière n'est aussi pas complètement respecté, notamment dans le cadre des langues vivantes. Par ailleurs, les cours consacrés à l'éducation sexuelle sont très rares au sein de l'établissement.

Autre problème soulevé: les heures liées à la religion étant facultatives, elles doivent en théorie être placées en début ou en fin de journée. Cependant, dans l'établissement de Décines-Charpieu, elles se retrouvent placées au milieu.

Des moyens utilisés hors contrat?

Enfin, le groupe scolaire privé et musulman serait soupçonné d'une confusion entre les moyens alloués hors contrat de ceux sous contrat.

Les moyens alloués par les acteurs publics, dont l'Etat, pourraient être utilisés sur ceux hors contrat. Aujourd'hui, le groupe scolaire Al-Kindi accueille 621 élèves répartis dans 22 classes différentes. 80% de ses classes sont sous contrat avec l'État et 20% des classes sont quant à elles hors contrat.

Tous ces éléments sont le fruit de plusieurs mois d'inspection, selon des sources proches du dossier.

De son côté, la Fédération nationale de l'enseignement privé musulman (FNEM), dénonce "un acharnement contre les écoles privées musulmanes" et assure que le groupe Al-Kindi travaille depuis des années "dans le respect des lois et des exigences de l’Éducation nationale".

Hugo Francés avec Emma Forton