Affaire Preynat: nomination polémique d'un évêque auxiliaire à Lyon

Le pape François a nommé, lundi, Thierry Brac de la Perrière évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Lyon. Il avait déjà occupé cette position entre 2003 et 2011 et avait comparu aux côtés de Philippe Barbarin dans l'affaire de non-dénonciation des comportements du père Preynat.

La nomination lundi de Thierry Brac de la Perrière, par le pape François, en tant qu'évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Lyon ne passe pas. Car, en 2019, l'homme comparaissait auprès de l'ancien archevêque de Lyon Philippe Barbarin, condamné puis relaxé pour "non-dénonciation de mauvais traitements ou d'agressions ou d'atteintes sexuelles infligés à un mineur", dans le cadre de l'affaire Bernard Preynat. Thierry Brac de la Perrière avait déjà été nommé évêque auxiliaire entre 2003 et 2011.

Son retour dans le diocèse de Lyon est incompréhensible pour les victimes du père Preynat, qui avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement ferme pour d'innombrables agressions sexuelles commises entre 1971 et 1991 dans le diocèse de Lyon.

"Lyon a été assez bouleversée par le procès Barbarin, le monde catholique lyonnais encore plus, de façon presque unanime, donc c'est rouvrir des plaies encore béantes, estime sur BFM Lyon François Devaux, membre fondateur de l'association de victimes du père Preynat "La parole libérée".

"Ce n'est pas très respectueux pour les victimes, ni pour les catholiques", a-t-il encore ajouté.

"Tartuferie et tromperie"

Lors du procès du cardinal Barbarin, en 2019, le tribunal avait conclu que l'infraction de non-dénonciation était constituée mais les faits étant prescrits, l'ancien évêque de Lyon n'avait pas été condamné.

Dans leur délibéré, les juges avaient écrit qu'il était possible d'en conclure que "Thierry Brac de la Perrière était précisément informé de faits d'agressions sexuelles sur mineur commis par un prêtre du diocèse", rapporte Le Figaro. "Plusieurs victimes auraient pu ainsi se manifester plus tôt, sans risque pour elles de se voir opposer la prescription des faits subis", soulignait encore la justice.

"Ils sont censés être des directeurs spirituels. Quand on voit ce type de décision [nommer Thierry Brac de la Perrière], que ce soit celui qui la prend ou Thierry Brac de la Perrière qui vient, il faut vraiment ne plus avoir grand-chose dans le cerveau pour ne pas se rendre compte de la tartuferie et la tromperie que c'est pour beaucoup de gens", s'agace François Devaux.

Dans un communiqué publié par le site de l'Église catholique dans le Rhône et le Roannais, Thierry Brac de la Perrière affirme garder "intact le désir d'annoncer l'Evangile du Christ et de servir son Eglise". Le prélat, qui a renoncé à sa charge d'évêque de Nevers, sera nommé curé de la paroisse de Notre-Dame de la Fraternité à Villeurbanne le 1er septembre prochain.

Clément Boutin Journaliste BFMTV