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Traversée de la Manche: de plus en plus de petits bateaux volés dans le Pas-de-Calais

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Face à un important dispositif policier sur le littoral, des migrants cherchant à rejoindre le Royaume-Uni volent des bateaux dans les canaux du Nord-Pas-de-Calais. Mais la traversée de la Manche dans ces frêles embarcations, pas taillées pour la mer, tourne parfois au drame.

Une chaîne rouillée pendante et des bouées. "Voilà ce qui reste de mon bateau", lâche Éric Blin, habitant de Watten, dans le Pas-de-Calais. Sa petite embarcation de cinq places, destinée à naviguer sur les canaux de la région et habituellement stationnée sur la berge du canal de l'Aa qui mène au littoral, lui a été volée la nuit il y a un mois par des migrants cherchant à rejoindre le Royaume-Uni, rapporte La Voix du Nord.

"Les gendarmes l'ont aperçu vers 2h30 du matin, sur le canal de l'Aa, en direction de Calais. Ils (leur) ont demandé de s'arrêter, mais ils n'ont pas pu" stopper l'esquif, explique Éric Blin.

Des tentatives de traversées qui peuvent finir en drame

À bord se trouvaient cinq ou six personnes, dans un bateau destiné à naviguer sur des eaux calmes et pas du tout fait pour la haute mer.

"Ils vont droit au naufrage. C'est un bateau sur lequel moi je pouvais mettre cinq personnes et je n'en mettais que quatre", par précaution, précise Éric Blin.

Il y a peu, les autorités britanniques ont indiqué qu'ils avaient identifié le bateau et qu'ils allaient faire le nécessaire pour le rapatrier, afin qu'il retrouve son propriétaire. Signe qu'à priori, la traversée n'a pas coûté la vie aux passagers.

Mais tous n'ont pas cette chance. Le 3 mars, une embarcation volée similaire à celle d'Éric Blin, qui transportait sept personnes dont une femme enceinte et une enfant de 7 ans, a chaviré sur l'Aa. La petite fille est morte noyée.

Tenter de déjouer le dispositif policier

Exilés et passeurs s'enfoncent de plus en plus loin dans les terres pour trouver des embarcations destinées à la traversée de la Manche, face au dispositif de surveillance des forces de l'ordre sur la façade maritime.

"Les migrants se sont adaptés. Maintenant, on est vraiment sur tout le littoral: ils descendent jusqu'à Wimereux et ils remontent jusqu'à Dunkerque. Mais comme le littoral est bien couvert au niveau policier, ils s'adaptent", explique Jérôme Pouwels, délégué Alliance Police nationale au commissariat de Saint-Omer.

Aujourd'hui, les vols de bateaux se mutiplients. Depuis janvier, ce sont neuf faits de ce type qui ont été enregistrés dans les cours d'eau du Dunkerquois, selon les chiffres de gendarmes relayés par La Voix du Nord.

Selon la préfecture de police du Nord, près de 700 passeurs ont été depuis deux ans et en 2023, le nombre de personnes ayant réussi la traversée jusqu'au Royaume-Uni a diminué de 35% par rapport à l'année précédente.

Maude Petit-Jové et Marion Berchet