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Pas-de-Calais: la plupart des gisements de moules toujours fermés pour préserver la ressource

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Sur décision de la préfecture, pêcheurs professionnels et de loisir n'ont pas le droit de cueillir les mollusques de petite taille.

La cueillette des moules tourne au ralenti sur la Côte d'Opale. Seuls trois des 14 gisements naturels que compte le littoral sont actuellement ouverts: le site d'Audinghen sud, à Cap Gris-Nez ; le site du Fort de Croy, à Wimereux et le site d'Équihen-Plage.

Les autres sont fermés, pour certains depuis le 10 mai, sur décision de la préfecture du Pas-de-Calais. Cette interdiction s'applique à la fois aux pêcheurs professionnels et de loisir. Et nul ne sait quand elle sera levée.

En cause: des retards de croissance des mollusques bivalves et une volonté de préserver la ressource.

Doudoune sans manches et bottes de pluie

Myriam Pont fait partie de la quarantaine de pêcheurs à pied du littoral. La gérante de la poissonnerie La Paysanne des mers exerce au Portel.

En quarante ans dans le métier, cette femme drapée d'une doudoune sans manches et de bottes de pluie a appris à déceler les mollusques appropriés pour la cueillette.

Myriam Pont fait le tour de son terrain de jeu et se saisit d'une moule. "Elle est pratiquement aussi grande que le pouce, fait-elle remarquer. Si on la regarde bien, elle fait 4 cm. C'est comme ça que je me repère." En dessous de cette taille, il est interdit de procéder à la cueillette.

"Faire un produit de qualité"

En 2019, une bactérie avait décimé 95% des gisements. Aujourd'hui, une grande partie d'entre eux n'offre plus autant de mollusques. "Par exemple, si on va vers le Gris-Nez, si on va vers Audresselles, certains gisements ont beaucoup, beaucoup de mal à reprendre", déplore Myriam Pont.

Aux yeux de la pêcheuse, ce n'est pas le seul problème. Si les quotas de pêche sont fixés à 5 kg par personne, les professionnels, eux, peuvent aller jusqu'à 160 kg.

"C'est beaucoup trop, fustige-t-elle. Ça pousse le pêcheur à beaucoup trop travailler en fin de compte. Je pense qu'au contraire, on devrait pêcher moins, tamiser plus, faire un produit de qualité, labellisé aussi."

D'un point de vue plus symbolique, Myriam Pont aimerait que son métier bénéficie de davantage de reconnaissance, y compris de la part de l'Union européenne, pour sauvegarder ce patrimoine.

Philippine Potentier avec Florian Bouhot