"Moi, je vous aime": "Mamie Charge" raconte son engagement avec les migrants de Calais dans son livre

C'est une figure réputée de l'aide aux migrants dans la région de Calais. Depuis le début des années 2000, Brigitte Lips laisse son garage ouvert aux exilés pour leur permettre, entre autres, de recharger leurs téléphones.
De quoi lui valoir un surnom qui l'a inspirée au moment de témoigner de plus de deux décennies au service des autres. Dans son livre "Mamie Charge" (éditions Salvador) publié avec Anne-François de Taillandier en septembre dernier, cette femme de 68 ans se fait ainsi le relais des parcours migratoires entendus. "Vous m'avez fait grandir en humanité. Merci de faire partie de ma vie. Moi, je vous aime", lit celle qu'on appelle aussi Mamie Brigitte.
"Je reçois beaucoup plus que je ne donne. On a des leçons de vie à apprendre d'eux, de l'humilité", assure-t-elle au micro de BFM Grand Littoral lorsqu'on lui demande pourquoi elle a décidé de donner de son temps aux migrants.
L'origine de cet engagement? "Un jour, ils sont venus taper à la porte pour demander de l'eau. J'ai répondu: pourquoi toujours chez moi? Ils m'ont dit, parce qu'il n'y a que toi qui accepte", a-t-elle raconté à France Bleu Nord.
Multiprises et carrés de chocolat
Matin, midi et soir, c'est donc jusqu'à une centaine de migrants qui attendent devant son pavillon pour accéder aux dizaines de prises électriques du garage.
Là, ils peuvent brancher leurs portables ou des batteries externes en l'échange d'un coupon leur permettant de venir récupérer le bien quelques heures plus tard, sans crainte d'un vol. Parfois, ils restent également pour discuter ou pour un peu de nourriture.
"Ce qui fait du bien, c'est de les voir sourire face à un carré de chocolat. C'est rien un carré de chocolat mais pour leur parcours... Personne ne leur en a donné pendant des mois et des mois", rappelle Mamie Charge.
Bien souvent, les personnes se livrent rapidement à cette bénévole du Secours Catholique et de la paroisse de Calais. Et ce, même si Brigitte Lips ne parle pas un anglais parfait.
Depuis dix ans, elle a commencé à noter tout ce qu'on lui expliquait, par peur d'un jour oublier avec l'âge. Avec la parution de cet ouvrage, la trace de son action et du passage de ces migrants est désormais indélébile.