"Je n'en pouvais plus": les salariés de l'APEI du Boulonnais dénoncent un climat de terreur

De la souffrance au travail au cœur de l'APEI du Boulonnais. L'Association de parents d'enfants inadaptés a été radiée des instances nationales et des Papillons blancs fin mai pour des manquements graves après plusieurs signalements de salariés.
En cause, la gestion autoritaire du directeur général par intérim, soutenu par le conseil d’administration, qui aurait conduit depuis plusieurs années à de nombreux arrêts de travail pour dépression, et même à des tentatives de suicide.
"On a toujours un positionnement de retrait quand on entend le nom, ou quand on entend la voiture arriver ou une porte s'ouvrir", confie Isabelle Rannou, aide médico-psychologique à l'IME de Samer. "Au bout d'un moment, je n'en pouvais plus".
Une pression qui pesait lourdement sur le quotidien d'Isabelle. "J'ai aussi été alertée par mes collègues qui m'ont dit 'il faut que tu t'arrêtes parce qu'on sent que tu es en train de craquer", continue-t-elle.
"Tout mettre à plat, tout changer"
Ces faits de harcèlement moral et de maltraitance institutionnelle ont été signalés à la fédération nationale, à l’inspection du travail ainsi qu’aux deux financeurs de l'association que sont l’ARS et le conseil départemental.
L'Unapei a notamment décidé à plus de 99% lors de son assemblée générale le 26 mai la radiation de l'APEI du Boulonnais. "Cette décision, difficile, pour un réseau associatif est nécessaire", a écrit le mouvement citoyen dans un communiqué le 5 juin.
"Les faits décriés sont en contradiction avec les valeurs d’accompagnement digne et d’accès aux droits du réseau Unapei. Ils s’opposent également aux dispositions de sa Charte éthique et déontologique, à sa vocation et ses engagements", explique-t-il.
Dans ce contexte, l'association est dans la tourmente. Pour Véronique Framey, déléguée syndicale CFDT, la meilleure façon de revenir à une association saine et éthique est de faire table rase.
"Je préférerais être mise sous tutelle et mettre tout à plat, tout changer."
Contactée, l’ARS promet avoir transmis ces signalements à l’inspection du travail et au procureur de la République. Deux enquêtes sont notamment en cours pour harcèlement moral et abus de confiance au cœur de cette association qui accompagne plus de 600 enfants en situation de handicap.
De son côté, la direction de l’APEI déclare faire du bien-être au travail "une priorité permanente".