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Calais: une femme condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de son ex-compagnon

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - AFP

Le corps sans vie de la victime a été découvert dans l'ascenseur de sa résidence à Calais. Il avait reçu 25 coups de couteau dans l'abdomen, à la gorge et dans la poitrine.

Reconnue coupable d'avoir assassiné son ex-compagnon de 25 coups de couteau en 2018 à Calais, sur fond de conflit sur la garde de leur fils, Yamina Bouazzi a été condamnée mercredi à 20 ans de réclusion criminelle.

Les jurés n'ont pas suivi jusqu'au bout le ministère public, qui avait requis 22 ans, dénonçant une accusée "égocentrique, aux remords superficiels" ayant mené avec "acharnement" une vengeance "préméditée". La cour d'assises de Saint-Omer a assorti la peine d'un suivi socio-judiciaire de six ans, avec obligation de soins.

25 coups de couteau

Dans la soirée du dimanche 22 avril 2018, le corps sans vie d'Eric Herzog, appelé Youssef depuis sa conversion à l'islam, était découvert dans un ascenseur de sa résidence de Calais, frappé de 25 coups de couteau dans l'abdomen, à la gorge et dans la poitrine.

Interpellée au pied de l'immeuble, sur son vélo, avec deux couteaux en céramique ensanglantés dans son sac, Yamina Bouazzi, 48 ans, avait reconnu les faits, survenus après que son ex-compagnon eut obtenu le placement de leur fils, d'alors trois ans, mais nié toute préméditation.

Une position sur laquelle cette mère de cinq enfants de différents compagnons a campé depuis l'ouverture de son procès lundi, se présentant devant la cour comme la victime d'un "monstre", qui la "battait régulièrement", saisie le jour du crime d'une pulsion inexplicable.

"Je suis désolée"

"C'est comme si le mal était entré dans mon corps", avait dit lors de l'enquête cette femme consommant stupéfiants et alcool, présentant, selon l'expert psychologique "une grand souffrance et une frustration affective" ainsi que des tendances "agressives, impulsives et caractérielles".

"Je suis désolée pour le crime que j'ai commis" et "j'accepterai la sentence", a-t-elle affirmé avant que le jury ne se retire.

Mais pour l'avocate générale, la substitute Mathilde Deloux, la préméditation ne faisait aucun doute: "Il y a des sms envoyés, des déclarations faites à sa voisine", où elle traitait son ex-compagnon, de "fils de chien qui a volé mes enfants".

"Violence et acharnement"

Ses gestes pour tuer "sont le résultat de quelque chose de très déterminé", a insisté Mathilde Deloux, soulignant "la violence et l'acharnement" dont ils attestent.

"Vous aviez envoyé à votre frère un sms où vous évoquiez la loi du talion", lui a fait écho Me Sanaa Znaïdi, avocat des deux filles de la victime et de sa soeur.

Pas convaincant pour la défense: "elle était dans la haine la veille des faits et a appelé au secours (...) lorsque l'on prévoit de tuer, envoie-t-on à tout le monde des SMS pour dire ce que vous allez faire?", a questionné Me Emmanuelle Osmont.

L'accusée a-t-elle apporté les couteaux ou provenaient-ils de chez la victime ?", a-t-elle aussi interrogé.

Handicapée à la suite d'un accident de moto, la victime a été décrite devant la cour par ses proches, filles, soeur et ex-compagnes, comme un père "aimant" et un homme "affectueux".

M.L. avec AFP