Calais: des migrants évacués d'un campement, trois jours après des heurts avec la police

Un camp de migrants à Calais (illustration) - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Des migrants ont été évacués ce dimanche en début d'après-midi d'un terrain qu'ils occupaient à Calais, trois jours après de violents affrontements avec les forces de l'ordre sur le même site, a appris l'Agence France-Presse (AFP) auprès des autorités et des associations.
Cette opération sur la base de la flagrance avait "deux objets", selon le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer, Patrick Leleu: mener à bien l'évacuation qui n'avait pas pu être réalisée jeudi en raison des heurts et "si possible procéder à des interpellations" en lien avec cet épisode.
Présente sur place, Emma du réseau inter-associatif Human Rights Observers (HRO) a dénoncé une expulsion "vraiment violente", avec un très grand nombre de policiers et gendarmes, des gaz lacrymogènes utilisés "pour rien" et des migrants "coursés pour qu'ils ne puissent pas prendre leurs affaires".
"Il y a eu une annonce au mégaphone (de l'expulsion, ndlr) par le commissaire de Calais, en français, et deux minutes après le cordon de CRS s'est formé, personne n'a eu le temps de récupérer quoi que ce soit, toutes les tentes sauf une ou ou deux ont été saisies !" a-t-elle dénoncé, estimant qu'il s'agissait de "représailles pour ce qu'il s'est passé jeudi".
"Un déplacement forcé"
Emma a fait état de trois arrestations, un chiffre non confirmé par le parquet en début d'après-midi. Selon elle, environ 200 migrants, majoritairement Soudanais et souvent mineurs, vivaient dans ce campement, déjà démantelé il y a plusieurs semaines. "C'est un déplacement forcé, sans proposition d'hébergement", a-t-elle pointé.
Le site est situé près d'un rond-point où des migrants tentent régulièrement de monter à bord de poids-lourds dans l'espoir de pouvoir rallier le Royaume-Uni.
"Les droits des personnes #exilées sont encore et toujours bafoués" a déploré l'association l'Auberge des migrants sur son compte Twitter.
"L'opération s'est bien déroulée, il n'y a pas eu de violence particulière", a résumé pour sa part le secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais, Alain Castanier, dénonçant une "désinformation permanente" des associations d'aide aux migrants.
Jeudi matin, des affrontements avaient éclaté entre forces de l'ordre et migrants lors d'une tentative de démantèlement de ce campement. HRO avait alors déjà dénoncé que les migrants aient été empêchés de récupérer les effets personnels.
Alain Castanier a fait état de "15 policiers et 8 gendarmes blessés" ce jour-là, dont un policier toujours hospitalisé dimanche, à la suite d'une fracture ouverte du tibia.