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Calais: des dégagements de fumées à l'usine Synthexim, classée Seveso, inquiètent les riverains

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Malgré une procédure de liquidation judiciaire engagée le 31 mai, les produits chimiques hébergés sur le site n'ont pas encore été évacués. Certains ne sont à ce jour ni identifiés, ni étiquetés.

L'usine Synthexim est plantée en périphérie urbaine de Calais, en bordure de canal. Au nord, l'autoroute A16 file vers l'ouest et l'est. De part et d'autre du site, classé Seveso en seuil haut, se distinguent des étendues de terres bordées de quartiers résidentiels.

Jeudi dernier, le 17 août, les sapeurs-pompiers sont appelés à intervenir quai de l'Amérique pour un dégagement de fumée. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, cette dernière semble "provenir d'un fût contenant un résidu de substance acide", hébergé dans cette usine spécialisée dans la conception de produits chimiques intermédiaires destinés à l'industrie pharmaceutique. Une fois le fût sécurisé par les secours, les autorités rassurent aussitôt les riverains: "aucun danger (...) n'est à recenser".

Un incident similaire avait été détecté quelques jours auparavant, dans la nuit du 2 au 3 août. Des vapeurs irritantes s'étaient dégagées d'une cuve. Des "fumées non-dangereuses", d'après la préfecture, "provoquées par une réaction chimique entre les eaux d'infiltration et un fût contenant du chlorure de thionyle", éloignées des habitations par le souffle du vent.

"On espère toujours que ce soit bien surveillé"

En dépit des messages sécurisants des autorités, un certain sentiment d'inquiétude émerge chez les riverains.

"Bien sûr, on sait très bien que derrière chez nous, il y a une usine classée Seveso. Mais bon, on espère toujours que ce soit bien surveillé et bien entretenu", songe l'un d'eux au micro de BFMTV.

"On a un peu peur quand même", abonde un père de famille. Il s'inquiète de la qualité l'air que ses enfants et lui respirent. "C'est quand même un peu choquant. Je pensais qu'au moins ça aurait été démantelé", s'indigne-t-il.

Un cadenas pour verrouiller l'accès au site

Car l'usine chimique est sous le coup d'une liquidation judiciaire depuis le 31 mai, au grand dam des salariés. Leur activité est même à l'arrêt depuis août 2022 sur ordre de la préfecture. En cause: une gestion jugée insuffisante des déchets dangereux. Un "manquement grave" de la part d'Axyntis, qui avait repris le site en 2013.

Pour autant, l'évacuation des substances stockées sur le site se fait encore attendre. Seul un cadenas verrouille l'accès à l'usine aujourd'hui.

Une riveraine ne voit pas d'un bon œil "tous ces produits qui sont laissés à l'abandon". "Et puis l'usine... J'ai l'impression qu'on peut passer un peu n'importe comment au-dessus du grillage. Et puis voilà, on y est."

Une action en justice à venir contre Axyntis?

Charge a été donnée au liquidateur de débarrasser l'usine des substances chimiques. Mais avant cela, "il y a tout un inventaire à établir", signale Philippe Mignonet, adjoint à la mairie de Calais en charge de la sécurité et de l'environnement.

Une partie de ces produits est connue des pouvoirs publics: "un peu de brome, un peu de cyanure". Cependant, il y a "d'autres produits qui ne sont pas identifiés, dans des fûts non étiquetés", fustige-t-il.

La préfecture du Pas-de-Calais rapporte que les services de l'État ont sollicité leurs services juridiques "de manière à pouvoir mettre en place une action à l'encontre d'Axyntis ou de son dirigeant".

1302 sites Seveso en France

À date du 3 août, 1302 sites Seveso étaient recensés en France. Ce classement signifie qu'ils sont étroitement surveillés en raison de leur activité et des risques industriels qu'ils présentent. 691 d'entre eux, comme l'usine Synthexis, sont considérées en seuil haut.

Alexia Prunier et Pauline Delevoye avec Florian Bouhot