Un animal "rare sur nos côtes": ce que l’on sait de l’échouage d’une baleine à Sangatte

Une baleine à bec s'est échouée sur la plage de Sangatte, dans le Pas-de-Calais. - BERNARD BARRON / AFP
Il s’agissait d’un hyperoodon boréal. Au lendemain de l’échouage d’une baleine sur la plage de Sangatte, Jean-Luc Bourgain, responsable des mammifères marins à Nausicaá et membre du réseau national d’échouage, dresse la fiche d’identité du mammifère.
"Quand les membres du réseau national d’échouage sont arrivés sur place, ils ont constaté que c’était un animal qui n'était pas très commun chez nous”, rapporte Jean-Luc Bourgain à BFM Grand Littoral.
Le mammifère en question est un hyperoodon boréal, aussi appelé baleine à bec. "C’est une espèce de taille moyenne", précise Jean-Luc Bourgain. Un mâle peut atteindre jusqu'à sept à neuf mètres de long et peser jusqu’à huit à neuf tonnes. Le cétacé retrouvé sur la plage de Sangatte mesurait plus de sept mètres. Il s’agissait d’une femelle.
"On observe de plus en plus d'échouages de grands mammifères"
Pour le spécialiste, l’animal "s’est probablement perdu chez nous". En effet, le hyperoodon boréal est relativement rare sur nos côtes. "Jusqu’à ces dernières années, deux échouages avaient été observés sur les côtes françaises, rappelle Jean-Luc Bourgain. L’un dans le Calvados et le second à côté de Concarneau".
L’espèce vit dans l’hémisphère nord de l’océan Atlantique. "Son aire de répartition inclut la Manche et la Mer du Nord. Il est donc probable que ces individus circulent, détaille le spécialiste. On ne va pas forcément les voir car ils sont relativement discrets, mais ils ont tendance à venir au contact des navires".
Selon toute vraisemblance, après s’être perdue puis échouée sur la plage de Sangatte, la femelle n'est pas parvenue à reprendre le large. Elle était d’ailleurs blessée car coincée "entre des pieux qui défendent le littoral". Elle est morte quelques heures après son apparition.
Jean-Luc Bourgain ne cache pas son inquiétude après cette mort inhabituelle. En moins d’un an, deux mammifères marins se sont échoués sur les plages du littoral.
"On observe de plus en plus d’échouages de grands mammifères. C’est inquiétant parce qu’il y a le problème du réchauffement climatique qui a sans doute des effets sur la vie des animaux où ils vivent habituellement."
Le comportement des animaux change également. Ils se rapprochent de plus en plus des côtes. En conséquence, "le risque est beaucoup plus important".
Aussi inquiétante soit elle, la mort de cette baleine à bec va permettre aux spécialistes d’en connaître un peu plus sur les caractéristiques de l’animal et plus globalement sur l’état des populations marines.
L’animal va être autopsié. "Ces éléments vont permettre d’avoir une idée de son état de santé avant sa mort, affirme Jean-Luc Bourgain. On saura de quoi il est mort." L'analyse de l’ensemble de ses organes va également permettre d'en savoir plus sur l’individu et l’espèce. Et ainsi assurer une meilleure protection de l’espèce.