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Xavier Bertrand écrit au ministre de l'Agriculture pour alerter sur la production de pommes de terre

La situation est d'autant plus inquiétante que la demande de l'industrie agro-alimentaire et des consommateurs ne faiblit pas

La situation est d'autant plus inquiétante que la demande de l'industrie agro-alimentaire et des consommateurs ne faiblit pas - JEAN-FRANCOIS MONIER © 2019 AFP

Inquiet pour la filière pommes de terre, touchée de plein fouet par le changement climatique et l'inflation, Xavier Bertrand a envoyé une lettre au ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.

"Il y a urgence à agir". Dans une lettre adressée ce jeudi au ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, Xavier Bertrand fait part de son inquiétude pour la filière pomme de terre. Le président de la région Hauts-de-France a indiqué au ministre que le changement climatique et l'inflation mettent à mal les producteurs de pommes de terre, alors que le rendement de cette année s'annonce historiquement bas.

Le plus bas rendement des 20 dernières années

"Selon les prévisions de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), la récolte 2022 en pommes de terre dites de consommation (industrie, frais), s'annonce en termes de rendement, comme la plus basse des 20 dernières années", s'inquiète le président dans son courrier. Même constat pour la pomme de terre destinée à la fécule. "C'est un coup de nouveau très dur pour les producteurs", ajoute Xavier Bertrand.

Pour lui, "jamais l'impact du réchauffement climatique n'avait été aussi dévastateur que cette année pour cette production qui fait la fierté et l'identité agricole des Hauts-de-France ".

Inflation et hausse des coûts de production

Outre les faibles rendements, ce qui préoccupe les producteurs et l'élu, ce sont les augmentations des coûts de production. "Les producteurs sont confrontés à une hausse historique de leurs coûts de production, coûts dont les impacts sont décuplés quand ils sont ramenés à la tonne produite cette année", affirme l'ex-candidat à la primaire républicaine.

"On estime qu'entre 2021 et 2022, le coût de production d'une tonne de pommes de terre de consommation bondirait entre 25 et 30 %", ajoute-t-il.

À cela s'ajoute une perspective inflationniste vertigineuse. "Il y a de grandes inquiétudes sur la capacité financières des agriculteurs à pouvoir stocker leurs pommes de terre, beaucoup ayant à renégocier à la hausse leurs contrats d'électricité avec leurs opérateurs", avance Xavier Bertrand.

Une menace pour la souveraineté alimentaire

Si le président de la région affirme au ministre que les Hauts-de-France prendront leurs responsabilités le temps venu, il appelle l'Etat à agir. "L'Etat ne peut cautionner le risque d'entraîner une vague de décroissance de la filière pourtant moteur de notre souveraineté alimentaire régionale, française mais aussi européenne".

D'après Xavier Bertrand, l'urgence est de consolider les trésoreries des producteurs de pommes de terre pour qu'ils puissent "engager leurs premiers frais (engrais, plants) pour la campagne prochaine." Sans soutien de l'Etat, l'élu "doute de la capacité des producteurs à pouvoir réinvestir dans des surfaces de pommes de terre égales ou supérieures à 2022 alors que la demande de l'industrie agro-alimentaire et des consommateurs reste très forte".

Martin Regley