Surveillante tuée à Nogent: le SNES-FSU estime que l'endiguement de la violence chez les jeunes "n'est pas juste une question de sécurité"

Au lendemain de la mort d'une assistante d'éducation, poignardée par un élève, à Nogent (Haute-Marne), Jean-François Caremel, secrétaire académique du SNES-FSU à Lille, appelle à une réponse sur le long terme, et non pas immédiate.
"Il y a beaucoup de réactions, ça part un peu dans tous les sens", constate le représentant syndical sur BFM Lille ce mercredi 11 juin, en réponse aux nombreuses propositions égrénées dans les heures qui sont suivis le drame par le gouvernement et de nombreux responsables politiques.
Si "on ne peut pas nier qu'il y ait un phénomène de violence" chez les adolescents, Jean-François Caremel estime cependant que la réponse à apporter ne relève pas juste d'une "question de sécurité".
"Il y a tout un travail qui doit être fait sur le terrain pour être à l'écoute des adolescents qui ont des problèmes, un mal-être ou des problèmes psychologiques", observe-t-il auprès de BFM Grand Lille.
À cela s'ajoute une pénurie de personnels formés dans le milieu scolaire et un manque de temps "pour écouter, traiter, orienter les élèves qui sont en souffrance", souligne le secrétaire académique SNES-FU. Il évoque notamment les infirmières scolaires, les assistantes sociales et les assistantes d'éducation.
"Qu'il y ait une réflexion sur la sécurité, c'est normal, mais il y a aussi à travailler sur la manière dont on permet aux collègues sur le terrain d'intervenir auprès des élèves qui sont en souffrance", nuance Jean-François Caremel.
Les établissements scolaires, des "forteresses"
Le dispositif de sécurité renforcé ce mercredi matin devant les établissements scolaires de la métropole lilloise, s'appuie sur une circulaire adressée par les ministres Élisabeth Borne et Bruno Retailleau en mars dernier. Elle leur ordonne notamment de réaliser des "opérations de lutte contre toutes formes de violences", afin d'endiguer notamment l’introduction d'armes blanches à l'intérieur des collèges et des lycées.
Si le dispositif se veut efficace, la réponse du gouvernement "est faite dans la réaction", juge Jean-François Caremel qui craint que les établissements scolaires ne se transforment en "forteresse", évoquant l'installation de portiques de sécurité, "sans aucune garantie d'efficacité".
Quelques heures après le drame qui est survenu à Nogent, le Premier ministre François Bayrou s'est dit, en effet, favorable à l'expérimentation de "portiques comme ceux qu'on a dans les aéroports". Une mesure qu'il avait déjà annoncé en avril, après l'attaque au couteau perpétrée par un élève de seconde dans un lycée de Nantes, qui avait fait un mort et trois blessés.
Être à l'écoute des élèves
Pour le secrétaire académique SNES-FU, les élèves payent en partie les conséquences de la crise du Covid. "On a des jeunes qui avaient été laissés à distance de l'école pendant un certain temps et pour lesquels se sont révélés un mal-être, parfois des troubles, qui ne peuvent pas être pris en charge", explique Jean-François Caremel, qui reproche à l'absence de propositions "concrètes" dans les établissements
"Il y a des psychologues dans l'Éducation nationale (...), mais force est de constater qu'ils n'ont pas la possibilité - étant affectés sur plusieurs établissements -, d'être véritablement là au quotidien dans les collèges et lycées. C'est une des pistes sur lesquelles il faut travailler sur le moyen terme pour pouvoir faire de la prévention et de l'éducation", affirme-t-il à BFM Grand Lille.