"Si j'avais continué, j'aurais terminé en fauteuil roulant": un Lillois raconte son addiction au protoxyde d'azote

Les Hauts-de-France sont particulièrement touchés par la consommation de protoxyde d'azote, à des fins récréatives. L'inhalation de gaz hilarants à haute dose peut avoir de graves conséquences comme pour cet ambulancier lillois, consommateur de "proto" pendant quelques mois. Il témoigne au micro de BFM Grand Lille de cette addiction.
Sa consommation a débuté, il y a deux ans: "J'ai passé un nouvel an 2020 à 'taper', comme on dit, le 'proto'", se souvient Vincent.
"Si j'avais continué, j'aurais terminé en fauteuil roulant à vie"
Très vite, cette consommation récréative se transforme en addiction. "J'ai commencé à 20, 25 cartouches puis j'en suis arrivé à taper 50 cartouches par jour", raconte-t-il, avant d'ajouter que sa consommation en était arrivée une bombonne de 600g, chaque soir.
Ces inhalations ne sont pas sans risques, elles ont même de lourdes conséquences pour Vincent qui finit paralysé, en juillet dernier.
"En trois semaines, si j'avais continué, j'aurais terminé en fauteuil roulant à vie, assure-t-il. J'ai la sensibilité qui est touchée à 30% au niveau de la moelle épinière. Si je me remets à consommer, dans un mois ou deux, c'est fini quoi."
La consommation de gaz hilarants peut en effet provoquer des intoxications parfois graves et causer des troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques.
"Les conséquences à long terme inconnues"
Depuis quelques mois, et notamment après la découverte de 1500 bonbonnes dans un box de Tourcoing, le département du Nord constate une demande de plus en plus forte. Et pour cause, le département est le plus touché par la consommation de protoxyde d'azote, d'après une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).
De son côté, le CHU de Lille a mis en place un groupe d'études formé pour mieux comprendre les effets de ce gaz et diagnostiquer au plus vite les usagers.
"On ne sait pas aujourd'hui ce qui relie le consommateur aux signes cliniques, ni toutes les conséquences à long terme derrière, qui sont encore inconnues", indique le Dr. Guillaume Grzych, biologiste au CHU de Lille.
Avec ces études, le biologiste au CHU de Lille espère rapidement déceler les nouveaux signes cliniques qui apparaissent pour les consommateurs. En 2018, un premier cas grave était déclaré dans la région, contre 47 en une année, quatre ans plus tard.