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Saint-André-lez-Lille: des travailleurs sans-papiers d'Emmaüs en grève, une enquête ouverte pour "traite d'êtres humains"

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Depuis plus d'une semaine, des travailleurs sans-papiers d'Emmaüs sont en grève pour dénoncer les fausses promesses de l'association sur la régularisation de leur situation.

40 heures de travail pour 150 euros de salaire par mois. Depuis plus d'une semaine, une vingtaine de bénévoles sans-papiers de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille (Nord) sont en grève pour dénoncer les pratiques d'Emmaüs.

Selon eux, l'association leur aurait promis une régularisation de leur situation en échange d'heures de travail effectuées. Certains travailleurs sont hébergés depuis parfois cinq ans par cette antenne d'Emmaüs. Un collectif de soutien dénonce de "fausses promesses".

"Aucun être humain n'accepterait de travailler 40h par semaine s'il n'avait pas un espoir au bout (...) Emmaüs joue sur ce flou et fait passer l'idée qu'ils seront régularisés. On a à faire à un cas de mensonge pour maintenir du travail déguisé", dénonce Saïd Bouamama, porte-parole du comité des sans-papiers du Nord auprès de BFM Grand Lille.

Plusieurs enquêtes ouvertes

Face à cette situation, les travailleurs en colère ont donc décidé de se mettre en grève illimitée.

"On a des preuves contre eux. On demande à l'État de tirer cette histoire au clair. Nous on est fatigué, l'humiliation on est fatigué,", assure Ibrahima, un des travailleurs sans-papiers.

Dans un communiqué, Emmaüs France a annoncé sa décision de mettre en retrait la directrice du site le temps de clarifier la situation. Un audit externe va également être lancé.

"Les faits évoqués, dont nous n'avions pas connaissance, sont particulièrement graves et choquants, s'ils sont avérés", ajoute l'organisation caritative.

Les 20 travailleurs ont déjà annoncé vouloir maintenir leur grève le temps de l'enquête ouverte par le parquet de Lille pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé".

Cette enquête préliminaire a été ouverte en mai et confiée à la BMRZ (brigade mobile de recherche zonale) et l'OCLTI (l'Office central de lutte contre le travail illégal), a précisé le parquet de Lille à l'AFP, confirmant une information de Street Press.

Une perquisition avait eu lieu dans les locaux de Saint-André-Lez-Lille le 13 juin.

Clément Polin avec Thibault Nadal et AFP